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Le colza est une culture agronomiquement et économiquement indispensable dans le paysage agricole français. Cependant, les difficultés que rencontrent certains agriculteurs ces dernières années (problèmes à l’implantation, ravageurs, aléas climatiques) remettent en cause la pérennité de cette culture dans leur assolement.
Avec les membres de la League, nous travaillons beaucoup sur l’implantation de colzas associés pour gagner à la fois en performance économique et en fertilité du sol. Associer le colza avec des plantes compagnes permet d’accompagner la culture dans la première partie de son cycle végétatif afin de profiter des services naturels de l’association : amélioration de la nutrition azotée, gestion des ravageurs et des adventices, protection contre l’érosion, stabilité structurale et fertilité biologique du sol.
Anthony Frison, agronome et membre AgroLeague, pratique le colza associé depuis 9 ans sur sa ferme. Il a mené des essais en 2018 afin de comparer différentes modalités de colza avec ou sans plantes compagnes. Son objectif était de tester différents mélanges de plantes compagnes avec divers types d’itinéraires techniques de travail du sol (labour, TCS, strip-till, semis direct) et d’observer les effets sur la fertilisation, la pression insecte et le bilan économique final.
Anthony nous partage son retour d'expérience sur cette technique, quelques résultats de ses essais ainsi que des conseils sur le choix des plantes compagnes à implanter avec le colza.
Une amélioration de la nutrition azotée lié à une meilleure qualité d’enracinement et de structure de sol
On constate un meilleur statut azoté des colzas associés à l’entrée de l’hiver comparé à des colzas seuls. Cela ne s’explique pas par un transfert d’azote des légumineuses au colza, car celui-ci n’a pas lieu à l’automne, mais par une meilleure qualité de la structure du sol et de l’enracinement du colza. La complémentarité des systèmes racinaires induit une amélioration de la porosité du sol et un enracinement plus profond du colza (le pivot d’un colza associé est généralement 3-4 cm plus profond que celui d’un colza seul). Le résultat est une meilleure valorisation de l’azote minéral, de l’ordre de 10 à 20 unités en plus.
À partir du printemps, les processus de dégradation et de minéralisation des plantes compagnes permettront de restituer des éléments minéraux au colza, à l’interculture et à la culture suivante.
Sur ses essais, Anthony a constaté des rendements similaires au niveau de la modalité strip-till pour les colzas associés à la dose d’azote de référence et avec 33 unités d’azote apportées en moins, toutes choses égales par ailleurs. Cette courbe de réponse à l’azote laisse entrevoir des perspectives de réduction de charges liées à la fertilisation.
Une réduction des attaques d’insectes à l’automne avec des perspectives de réduction des IFT
La présence de plantes associées aux colzas entraîne une perturbation chez les insectes ravageurs et diminue le risque de dégâts sur la culture. La perturbation peut être de différentes natures :
- Visuelle : la reconnaissance par un insecte de la couleur et la forme de leur plante hôte est accentuée par un fort contraste entre un sol nu et la plante hôte en développement. La présence d’une plante compagne réduit ce contraste et perturbe les ravageurs.
- Perturbation olfactive : les insectes sont attirés par des composés volatils (constituant l’odeur spécifique de la plante hôte). La plante compagne masque ou trouble l’odeur et gêne l’orientation des insectes.
- Théorie de l’atterrissage approprié/inapproprié : l’insecte se pose sur une plante et y reste s’il s’agit de sa plante hôte, sinon il redécolle pour sortir de la parcelle ou chercher sa plante hôte.
- Résistance par association : plante leurre ou piège – la plante hôte bénéficie de la protection de sa plante compagne.
Les résultats d’essais d’Anthony ont montré une réduction 10 à 15% des dégâts d’altises pour les colzas associés comparés aux colzas seuls, ainsi que 2 à 5 fois moins de présence du charançon du bourgeon terminal. Avec des règles de décisions fiables, une réduction des passages d’insecticides est envisageable.
Un bilan économique intéressant pour le colza associé
Au niveau du rendement, des gains ont été observés sur toutes modalités de colzas associés comparées au colza seul, quel que soit l’itinéraire technique de travail du sol mis en place. Les gains de rendements vont de +0,5 q/ha pour la modalité labour à +2 q/ha pour la modalité semis direct.
Au niveau de la rentabilité, les marges brutes sont meilleures pour les modalités avec plantes compagnes (5% de marge brute en plus pour la modalité colza associé comparée à la modalité colza seul en TCS, +2,5% en strip till et +4% en semis direct) à l’exception de la modalité avec labour (-1% de marge brute comparé au colza seul). Aucune différence notable n’a été constatée entre les différents mélanges de plantes compagnes.
Comment choisir ses plantes compagnes ?
Il existe une multitude de possibilités de plantes compagnes à implanter avec le colza. Le plus important est de mettre en adéquation le choix des espèces avec le besoin agronomique de la parcelle et les objectifs fixés (restitution d’azote, perturbation des insectes, couverture du sol, structuration du sol).
Quelques conseils d’Anthony pour orienter le choix de la plante compagne ou du mélange d’espèces :
- Les légumineuses ont une levée plus tardive et une phase de croissance dynamique plus longue que le colza. Cet aspect limite les risques de concurrence sur le colza dans la première phase du cycle avec les légumineuses et rend l’association fonctionnelle.
- Dans ce cadre, il est préférable d’éviter d’implanter des espèces déjà présentes dans l'assolement au niveau des cultures ou des couverts végétaux d’interculture pour ne pas avoir une « monoculture de plantes de services » qui pourrait avoir des effets indésirables sur la performance du système à moyen terme.
- Le matériel disponible sur la ferme est la première contrainte technique qui influe sur les possibilités d’implantation en fonction du type de graine (semoir à trémie unique, double trémie ou monograine avec microgranulateur). Dans ce cadre, semer des mélanges (au minimum 4 espèces) permet d’avoir des graines de tailles et formes différentes dans le semoir et limite les problématiques de stratification au moment du semis.
- Le relargage de l’azote est différent selon les espèces de légumineuses en fonction de leur port végétatif et de leur rapport Carbone/Azote. Cela montre l'intérêt d’associer plusieurs espèces pour améliorer la temporalité de restitution de l’azote pour l’interculture et la culture suivante.
- Quelle que soit l’espèce ou le mélange, le rendement final varie peu entre les différentes plantes compagnes. Le plus important est de faire un choix qui sera adapté au contexte local et éviter que la plante compagne entraîne des contraintes pratiques ou techniques.
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