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"Je me suis installé en 93 sur la ferme de mes parents, au sud de la Champagne crayeuse avec 110 ha de cultures et 4,5 ha de vignes.
J’étais en labour conventionnel jusqu’en 95 puis on a adhéré à une CUMA et on a commencé à s’orienter vers les TCS. Je me rappelle à l’inter-moisson, on passait toujours des disques pour aider à dégrader les pailles et pouvoir implanter les cultures d’automne. Mais, on affinait la terre. Il n’y avait pas de racines vivantes et les sols se refermaient. Du coup, on sortait les décompacteurs. C’était la spirale infernale affinage/décompactage. On n’agradait pas, on dégradait.
J’ai eu une révélation à ce moment là. J’ai commencé à regarder les outils. J’ai cherché un semoir et j’ai mis la main sur un semoir néo-zélandais, un Crosslot, qui pertube très peu le sol, et s’appuie très bien avec un engrais localisé. Puis, j’ai vu qu’il existait un système similaire en France, le NOVAG. J’ai été conquis par ce semoir. Je l’ai acheté en 2015, j’ai démarré le SD et depuis, je n’ai plus jamais retourné mes sols. Je m’aperçois qu’après 5 ans de SD, mes sols changent beaucoup. Ils sont moins tassés, plus réguliers. Ils sont soufflés par la vie biologique. Maintenant, je ne regrette pas.
Depuis que je suis passé en ACS, je me lève avec la banane le matin. Je le fais aussi pour sortir de la spirale infernale de chimie. Au plus on utilise de chimie, au plus on détruit les sols, et au plus on a besoin de chimie. C’est pareil pour le travail du sol. Je m’aperçois que le peu qu’on gratouille le sol, on perturbe les premiers horizons et les vers de terre, même s’ils sont encore en dessous. Mais la vie microbiologique est dans les 5 premiers centimètres. Gratouiller 2 cm, c’est 2 cm de trop.
Avant, on attendait que le flash technique tombe et on intervenait de manière automatique. En fait, on n’observait pas trop. Maintenant, avant d’intervenir je regarde pour voir si ça vaut le coup. Le temps que je passais sur le tracteur, je le consacre maintenant à faire de l’observation. C’est passionnant quand on commence à regarder avec un microscope. Qu’est ce qu’il y a comme monde sous nos pieds ! Je prends conscience qu’il y a tout ce qu’il faut pour vivre mais dès qu’on met un grain de sable, on enraye la machine. Nos pratique culturales ont un impact. Si tu n’as pas de sols vivants, tu ne peux pas arriver à limiter les intrants. Tu es obligé d’avoir de la racine pour la structure du sol. Les vers de terre font des galeries dont les racines se servent. L’eau s’infiltre sans problème avec la porosité verticale qui est créée.
Je suis aussi en train de passer en viti de conservation. Dans mon village, on a été les pionniers de l’enherbement en vigne. Sous le rang, je n’ai pas envie de me remettre à travailler le sol. Pourquoi pas faire un copier-coller de ce que l’on fait en grandes cultures ?
Il faut se faire un décompactage de cerveau. Il faut changer ses habitudes, ses approches de l’agriculture, et le regard des autres aussi. Si ça peut permettre de faire bouger les lignes et montrer que les agriculteurs changent aussi les choses… Pour agrandir ce fameux cercle vertueux."
Christian, membre AgroLeague installé dans l'Aube
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