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« Nous sommes situés à 40 km au sud-est de Bruxelles sur une terre vallonnée avec des sols sablo-limoneux sensibles à l’érosion. La ferme fait 170 ha et nous faisons également de la prestation de service à côté.
LA PROTECTION DU SOL : UN OBJECTIF DE FAMILLE
Je suis la 3ème génération sur la ferme familiale. Mon père a repris l’exploitation à la fin des années 70. Il s’est rapidement intéressé aux techniques de non-labour et au bas volume et a commencé à faire des essais avec un petit groupe d’agriculteurs locaux. Ils étaient plutôt avant-gardistes pour leur temps.
L’arrêt du labour remonte au début des années 90. Mon père s’est retrouvé un printemps sans avoir pu labourer par manque de temps et de conditions propices. Il a donc dû trouver une solution pour implanter les betteraves en TCS. Voyant que ça poussait aussi bien avec moins de temps de travail, de problèmes d’érosion et de battance, il a souhaité continuer dans cette voie. La base de la réflexion est donc purement économique et pratique. Ensuite, est venue la réflexion sur le biologique.
Le système était assez simple : c’était du TCS avec 2 passages de déchaumage et un travail du sol en été. La charrue a été remplacée par un décompacteur à ailettes sur lequel les dents fixes ont été remplacées par des dents vibrantes. Petit à petit, le travail du sol a été réduit, jusqu’au passage en semis direct en 2017.
LES COUVERTS VÉGÉTAUX SONT LA BASE DE LA RÉUSSITE DU SYSTÈME
On a rapidement compris que le plus important c’était de réussir les couverts végétaux. Initialement composés de vesce, féverole et avoine, nous avons commencé à les complexifier à partir de 2005.
Les problématiques d’implantation (sécheresse en été, excès d’eau en hiver) nous ont amenés ensuite à mettre en place également des couverts permanents de légumineuses. Malgré les problématiques liées à la logistique et aux limaces, au global la couverture pérenne apporte un vrai plus au niveau de la structure du sol et des économies d’azote.
UNE ROTATION DIVERISIFIÉE ET FLEXIBLE
Nous avons dû apprendre à nous adapter au vivant : la réflexion se fait à la parcelle et nous nous autorisons une certaine souplesse dans la succession des cultures.
🌱 La rotation est construite de la manière suivante :
Colza associé avec des légumineuses pérennes (trèfle blanc, lotier, luzerne). En année n+1, ne subsistent que le lotier et la luzerne.
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Blé tendre
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Blé (ou deuxième céréale)
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Céréale de printemps : avoine, orge de printemps
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Association céréale/légumineuses : orge/pois et orge/féverole
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Lin textile ou pomme de terre (optionnel)
Nous avons démarré récemment une collaboration avec un éleveur de moutons afin de faire pâturer les couverts. Les bénéfices sont mutuels : l’éleveur s’occupe des clôtures et reçoit du fourrage gratuit, en échange de quoi les animaux fertilisent la terre et facilitent la destruction du couvert en vue de l’implantation de la culture suivante. Nous remarquons que le gel en hiver est moins fréquent depuis 4 ans, ce qui réduit les possibilités de destruction mécanique de la couverture végétale avec un rouleau. Dans ce cadre, le pâturage offre une solution économique et fonctionnelle quelles que soient les conditions.
RÉDUIRE LA CHIMIE, NOTAMMENT GRÂCE AUX TCO ET AUX ANALYSES DE SÈVE
Réduire les phytos est un objectif prioritaire pour nous. Nous n’utilisons plus d’insecticides sur la ferme depuis 2012. Le véritable challenge désormais est de réduire les fongicides afin de limiter l’impact sur les micro-organismes du sol. Dans un système où les pailles ne sont pas exportées, on sème dans des matelas de paille qui se décomposent mal. Pour cela, nous avons démarré la fabrication à la ferme de compost de haute qualité. L’objectif est double : faire de l’enrobage de semences et des thés de compost oxygénés (TCO). Nos essais nous ont montré que ces techniques apportaient un vrai plus en conditions limitantes (disponibilité en eau ou azote).
Nous souhaitons également réduire les quantités d’engrais azotés sans impacter le rendement. Nous travaillions déjà avec les analyses de sève et la fertilisation foliaire sur la partie horticole avant de rejoindre AgroLeague, mais nous n’avions pas élargi aux céréales. Grâce à cet outil, nous arrivons à réduire les quantités d’azote et les fongicides. En 2021, nous avons fait 100 q/ha de moyenne en blé tendre avec 140 uN/ha d’azote. Le rendement est bon et nos coûts de production optimisés : entre 600 et 650 €/ha pour le blé, soit à peu près 20% de moins qu’en système plus conventionne labour. Je pense que l’on peut arriver à de très bons résultats quand on a une bonne vie du sol !
AGROLEAGUE : UN PARTENAIRE ESSENTIEL DE MA FERME
Je participe beaucoup aux tours de plaines organisés par AgroLeague, ça m'apporte une ouverture vers d'autres systèmes. C’est important d’avoir un groupe avec qui échanger. Un exemple, il y a quelques jours on se posait la question de changer la moissonneuse. Les gens chez qui nous faisions le tour de plaine avec AgroLeague étaient équipés d’un système de fauche andainage et d’un pick up pour mieux récolter les associations de cultures. Connaître leur réflexion, car ils ont fait la démarche avant d’acheter le matériel, a permis de répondre à nos questions. Ça nous fait gagner un temps précieux.
Les agronomes apportent un point de vue extérieur et non intéressé. Ils savent dire si le sol va bien ou non et quoi mettre en place en fonction des conditions pour aller dans la bonne direction.
🌱 Géraud D., membre AgroLeague en Belgique.
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