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Les couverts d’interculture permettent de tirer profit des services rendus par les interactions biotiques pour rendre les systèmes plus durables et moins consommateurs en intrants.
Ils sont un des premiers leviers à mettre en place pour aller vers plus d’autonomie du système.
Quel retour sur investissement
Avant de rentrer dans les techniques de gestion des couverts végétaux, passons en revue leurs bénéfices pour le système sol- plante.
Gain sur la structure du sol
Les couverts végétaux permettent une protection du sol contre l’érosion et la battance.
Le premier levier pour améliorer le taux de matière organique est la mise en place de couverts végétaux performants (> 2 t/ha de matière sèche). Le gain de matière organique participe à la création du complexe argilo-humique et à l'amélioration de la structure du sol.
Le graphique suivant, issu d’un travail mené par Agrotransfert en 2007, illustre la relation entre le taux de matière organique et l’indice de battance d’un sol. On observe que plus le taux de matière organique est élevé et moins le sol est battant, ce qui confère un avantage pour l’implantation de la culture suivante.
Les couverts tendent à réduire la germination des adventices
Couvrir le sol avec des espèces végétales voulues et choisies instaure automatiquement une concurrence pour l’eau, la lumière et les éléments nutritifs sur les autres plantes.
La régulation par compétition varie en fonction des espèces d’adventices, du mélange de couverts et des ressources disponibles pour que ce couvert soit en mesure de produire suffisamment de biomasse.
⚠️ Les couverts hivernaux ne régulent que les adventices qui émergent à cette période, donc les adventices automnales. Attention à la variabilité des résultats. L’intérêt des couverts d’interculture pour la gestion des adventices doit plus s’envisager à l’échelle du système de culture.
Un effet court et long terme
Les quantités d'éléments nutritifs captés par les couverts végétaux et restitués aux cultures dépendent d'une multitude de facteurs : conditions pédo-climatiques, pratiques culturales, mode de destruction et stade végétatif du couvert au moment de sa destruction.
Concernant l’azote, on peut considérer que 30 à 40% seront restitués dans les 6 mois suivant la destruction du couvert.
Ce graphique est issu de la revue Perspectives Agricoles de 2011.
→ Il illustre le rendement du maïs après différentes modalités de couverts simples ou en mélange.
→ On observe que les couverts apportent un vrai plus comparés au témoin, en particulier les ceux qui sont composés de légumineuses.
Mesurer pour capitaliser sur le court terme
La méthode MERCI (méthode d’estimation des restitutions par les cultures intermédiaires), développée en 2010 par la Chambre Régionale d’Agriculture Nouvelle-Aquitaine, fournit un logiciel qui permet d’évaluer le recyclage et la mise à disposition des éléments minéraux par les couverts végétaux.
→ Le logiciel est gratuit et en libre accès : sur ce lien.
À partir de la mesure la biomasse produite, le logiciel permet de quantifier les éléments nutritifs piégés. Voici un exemple avec une féverole semée mi-octobre à 130 kg/ha et détruite fin mars ayant produit 3,5 t/ha de MS :
Exemple concret : calcul
Prenons l’exemple du mélange de couvert suivant :
- Composition : phacélie, tournesol, vesce, pois fourrager.
- Coûts d’implantation et de gestion du couvert :
- Gaspardo Agro-innovation + traction = 50 €/ha.
- Destruction au rouleau = 25 €/ha.
- Prix approximatif du couvert : 70 €/ha
- Production de 6 TMS/ha → restitution de 73,5 UN/ha.
- Calcul du coût équivalent engrais : 73,5 UN/ha x 2,3 € (prix de l’unité d’ammonitrate) = 172 €/ha.
→ Estimation de la rentabilité la première année : 172 - (25 + 50 + 70) = 27€/ha.
Comment implanter ses couverts ?
Faisons un rapide rappel sur le choix des espèces et l’implantation du couvert (Une formation AgroLeague complète sur les couverts végétaux est disponible : sur ce lien).
Clarifier mes objectifs
Bien définir ses objectifs en amont permet de limiter les erreurs sur le choix des espèces (”un objectif flou aboutit une connerie précise”). Voici une liste de question pour identifier ce que l’on cherche à accomplir :
- Limiter les ravageurs ?
- Étouffer les adventices ?
- Réduire les maladies ?
- Apporter de l’azote ?
- Augmenter la rétention en eau ?
- Protéger le sol ?
- Améliorer la structure du sol ?
- Limiter le lessivage ?
- Augmenter le taux d’humus ?
Calculer sa dose de semis
Deux stratégies existent pour répondre aux objectifs :
- Effectuer un dosage du couvert en prenant les densités de semis de chaque espèce en pure divisés par le nombre d’espèce présentes dans le mélange. ⚠️ à ne pas obtenir un mélange trop clairs qui ne couvrirait pas suffisamment le sol.
- La méthode développée par Thierry Tetu, chercheur à l’université d’Amiens et agriculteur, pour maximiser l’efficacité des couverts d’un point de vue azote : 250 plantes levées /m2 avec au moins 70% de légumineuses et 5 % de petites graines (phacélie, moutarde).
- La minéralisation concerne également le carbone qui s’échappe sous forme de CO2. Si un couvert végétal dense est en place, ce CO2 reste “coincé” sous la canopée où sa concentration va augmenter, au bénéfice de la productivité des plantes.
- Permet de profiter du “Priming effect” : la forte densité de plantes permet d’avoir une rhizosphère plus développée, ce qui crée un pool de fertilité.
Des propositions économiquement pertinentes
À combien faudrait-il semer le couvert pour avoir une bonne couverture de sol et un bon retour sur investissement du couvert ?
→ Les couverts s’adaptent à chaque exploitation.
→ Ils doivent être personnalisés en fonction du type de sol, des objectifs et des contraintes locales.
Voici un exemple de couvert avec les doses de semis et les coûts :
Passer outre les contraintes
Les contraintes les plus fréquentes liées à la mise en place des couverts végétaux sont les suivantes :
- Coût : avec des objectifs bien fixés, le retour sur investissement peut être rapide ;
- Réglementation : pourquoi ne pas la voir comme un challenger pour aller plus loin ?
- Matériel : trouver du matériel qui va nous intéresser ;
- Approvisionnement : la disponibilité des semences peut être un frein, d’où l’intérêt d’être en groupe notamment pour l’échange de semences ;
- Manque de temps : l’organisation est la clé ;
- Météo : facteur inchangeable, il faut s’adapter pour optimiser ce facteur.
→ En fixant des objectifs clairs, il est plus probable de passer outre et de transformer ces contraintes en moyens.
Destruction : quelle stratégie adopter ?
Il est important de déterminer quand et comment détruire le couvert pour profiter au maximum de ses effets attendus (restitution d’éléments, protection du sol) sans qu’il ne devienne un inconvénient pour la culture suivante.
Choisir la date de destruction
La première question à se poser est celle de la date de destruction en fonction des conditions.
Les paramètres à prendre en compte
La date de destruction se raisonne en fonction de :
- L’itinéraire cultural envisagé ;
- La composition du couvert ;
- Le type de sol.
Retrouve la synthèse complète de Bastien Lamothe en t’inscrivant à ce module.
Impact de la date de destruction
La plus grande partie de la matière organique stable vient des racines et exsudats. Il est donc essentiel pour un système agricole d’avoir à la fois de la matière organique labile et stable.
- La destruction avant floraison permet d’apporter du carbone labile et génère un priming effect ;
- La destruction plus tardive entraîne une lignification du couvert (augmentation du C/N), ce qui participe à l’amélioration de la stabilité structurale du sol et de la résilience du système.
Le rapport C/N : un indicateur à avoir en tête
Plus le rapport C/N augmente, plus la dynamique de minéralisation est lente.
→ En t’inscrivant à ce module, tu retrouveras l’analyse d’une étude d’Arvalis visant à montrer l’impact du rapport C/N sur la minéralisation et sur les restitutions que l’on peut attendre du couvert végétal.
→ Tu retrouveras également deux exemples de calculs des restitutions azotés pour deux types de couverts.
Choisir le mode de destruction
La destruction mécanique
En t’inscrivant à ce module, tu retrouveras une synthèse des avantages et des inconvénients des principaux outils utilisés par les agriculteurs pour détruire leurs couverts :
- Rouleau FACA - DALBO et SACHO ;
- Rouleau hacheur ;
- Broyeur ;
- Dechaumeur + Semoir APV.
Destruction chimique
La méthode de destruction chimique du couvert d’interculture est utilisée en agriculture de conservation des sols afin de perturber le moins possible le sol.
Une formation AgroLeague sur l’optimisation de l’utilisation du glyphosate est disponible : sur ce lien.
Synthèse des différentes méthodes
Tu retrouveras dans cette partie la synthèse de Bastien Lamothe sur les différents types d’outils existants pour la destruction des couverts végétaux.
Les autres formations sur ce sujet