Newsletter
Inscrivez-vous pour recevoir nos flashs techniques
Gérer les grosses altises sur colza
L’altise d’hiver est un ravageur extrêmement problématique depuis quelques années dans les parcelles de colza.
Elle arrive dans les parcelles fin septembre à la suite d’un refroidissement (températures qui descendent sous les 20°C souvent suite à un passage de pluie) et un retour de températures douces.
Tous les voyants sont au vert pour les voir apparaître en nombre la semaine prochaine dans les parcelles un peu partout en France.
Ne t'inquiètes pas, il existe bel et bien des leviers agronomiques : toutes les parcelles ne sont pas en danger et ne nécessiteront pas de traitements.
Biologie de l’altise
L’altise d’hiver aussi appelée grosse altise est un gros coléoptère « sauteur » de 3 à 5 mm. Il présente un corps noir et brillant avec des reflets bleus métalliques sur le dos. Les extrémités des pattes, des antennes et de la tête sont roux doré.
Cet insecte, fréquent et très nuisible, occasionne des morsures circulaires, perforantes ou non de quelques millimètres dans les cotylédons et les jeunes feuilles (dégâts identiques aux petites altises).
L’arrivée se fait fin septembre, avec quelques jours d’activités intense dans les parcelles; pour reprendre des forces après le repos estival avant de passer à la phase accouplement où l’insecte est généralement moins vorace.
- Fréquence: forte
- Nuisibilité : forte (avant le stade 4 feuilles)
La lutte insecticide contre les altises adultes doit se raisonner à la parcelle et ne s’envisager que si la survie de la culture est menacée, du stade cotylédons jusqu’au stade à 3-4 feuilles du colza, c’est-à-dire si la culture pousse moins vite qu’elle n’est dévorée.
Bien observer les parcelles pour décider d’une intervention
La cuvette jaune, le piège incontournable pour détecter l’arrivée des ravageurs du colza
Pour bien fonctionner, la cuvette doit être positionnée en dehors des bordures de la parcelle. Il faut la relever une fois par semaine en changeant l’eau a cette occasion. Un mélange eau + savon est idéal.
La cuvette doit être enterrée avec le bord au niveau du sol pour piéger les grosses altises.
Plus tard, elle sera à relever au-dessus de la végétation notamment pour surveiller la présence des charançons.
Elle constitue un indicateur de la présence des altises mais pas du seuil de risque.
Seuil d’intervention
Le seuil d'intervention pour les altises est de 8 pieds sur 10 avec morsures ET 25% de la surface foliaire touchée.
C’est l’observation très régulière, à la parcelle, de l’état du colza entre les stades cotylédons et 3-4 feuilles étalées qui guide le raisonnement. Observer au crépuscule, ou mieux, dans l’obscurité si les altises sont actives. Pensez à jalonner des pieds pour observer leur évolution dans le temps est aussi un très bon outil.
Pour intervenir, il faut bien observer la parcelle en intégrant :
- Le stade des colzas : après 3 feuilles, ils poussent souvent beaucoup plus vite, une intervention est rarement justifiée. C’est pour ça que les semis précoces permettent de limiter le risque ainsi qu’une fertilisation localisée ou un enrobage de semences.
- Les dégâts qui dépassent les seuils.
- La structure de la parcelle : les dégâts sont souvent plus importants dans des parcelles motteuses ou avec des résidus dans lesquels les altises se cachent tranquillement.
- La dynamique de pousse du colza.
Un OAD (outil et service d'aide à la décision) a été mis en place par Terres Inovia : https://www.terresinovia.fr/-/altise-adulte-colza
Et si je dois intervenir?
Si le colza n’est pas au stade 3 feuilles et qu’il pousse trop lentement pour supporter les dégâts, une intervention est à prévoir.
- Dans les régions Grand Est, Bourgogne Franche Comté, Ile de France, Centre Val de Loire et dans le département de l’Allier, les altises sont résistantes aux pyrèthres.
Avant le 1er novembre, on peut utiliser le BORAVI WG (phosmet) s’il en reste en stock, qu'il faudrait utiliser avec un acidifiant.
Il n’y a pas de solution efficace, il faudra avoir mis en place les bons leviers agronomiques (date de semis, fertilisation, association) et espérer une croissance rapide.
- dans les autres régions, les altises ne sont généralement pas résistantes. Un pyrèthre simple fera l’affaire (ou un BORAVI WG s’il en reste en stock avant qu’il ne devienne PPNU).
⚠️ Attention par contre à réserver les traitements aux cas vraiment sensibles pour éviter l’apparition de résistance. ⚠️
Les autres moyens de lutte
- La date de semis et la nutrition sont le premier levier. Ils se mettent en place dès le démarrage de la culture. Un apport azoté en plein est réglementairement interdit et rarement utile avec 4 feuilles du colza. Ça reste néanmoins le principal levier agronomique.
- L’octoborate a été testé depuis deux ans. Les résultats sont variables d’une année sur l’autre.
- Pour essayer de bénéficier de l’effet insecticide, on pourra appliquer en préventif 3 kg d’octoborate de sodium sur des colzas avant le stade 3 feuilles.
- Pour bénéficier de l’effet fertilisation, on restera sur 1,5 kg/ha à appliquer sur colza à l’automne.
- Des essais avec des résultats très intéressants sont menés en associant des espèces riches en glucosinolates (colzas, radis) soit dans la parcelle, soit dans des zones autour de la parcelle pour attirer les altises. Ces éléments de paysages sont à mettre en place au moment du semis mais constituent des pistes très prometteuses de gestion.
Pour résumer :
- La lutte est à adapter à la parcelle pour limiter l’utilisation des insecticides (limitation du coût + des risques de développer des résistances dans les secteurs encore épargnés).
- L’observation est la clé
- Cette année encore, les situations sont très variables selon les parcelles avec des colzas déjà sortis d’affaire et d’autres semés tard à cause de la sécheresse qui risquent d’être plus sensibles.
Et ensuite :
- La présence d’altises adultes n’est pas corrélée avec la présence de larves pendant l’hiver. Il faudra dans tous les cas surveiller vos parcelles à partir du mois de novembre.
- Il faudra mettre en place les cuvettes au dessus de la végétation pour surveiller les autres ravageurs et notamment le charançon du bourgeon terminal.
Les autres formations sur ce sujet