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Lennart Claassen est l’un des agronomes de l'équipe AgroLeague. Il est en charge de la partie Recherche & Développement et spécialisé dans les équilibres nutritionnels et la santé végétale. Il s’est focalisé dans ses recherches sur les causes possibles des attaques de pucerons en grandes cultures pour en tirer des conclusions sur comment limiter cette pression ravageur.
Les moyens préventifs que l’on connaît ne suffisent plus. Retarder la période de semis, attendre des conditions hivernales plus froides pour limiter le développement de ces insectes ne fonctionnent plus aussi bien car il ne fait pas aussi froid qu’on voudrait l’espérer. Les températures douces en automne et à la venue de l’hiver, sans périodes de froid très marquées, ont tendance à induire une prolifération des ravageurs d’automne. Tendance qui a été observée tout particulièrement ces deux dernières années.
Utiliser des variétés dites plus tolérantes à la jaunisse (virus transmis par les pucerons) peut aider à limiter la pression mais n’est pas envisageable pour toutes les cultures à l’heure actuelle.
Avec la tendance climatique actuelle et la limite de l’approche chimique, il est important de considérer l’axe préventif et l’approche nutritionnelle dans la stratégie de lutte contre ces insectes piqueurs.
Pourquoi les insectes piqueurs-suceurs pullulent sur les plantes ?
Les insectes piqueurs-suceurs se nourrissent d’acides aminés libres dans la sève. Le tube digestif de ces insectes n’est pas développé, ils n’ont pas les enzymes nécessaires pour digérer les protéines et les sucres complexes. Il existe donc un lien entre la teneur en acides aminés libres dans la sève et les attaques d’insectes piqueurs-suceurs.
La pression peut être accentuée par un déséquilibre nutritionnel en magnésium, molybdène, soufre et bore : cofacteurs d’enzymes qui interviennent dans la synthèse des nitrates en protéines complexes. S’il y a déséquilibre dans les teneurs de ces éléments, la transformation en protéines est moins efficiente. On va donc retrouver une surcharge de nitrates dans la sève. Ces éléments ont été corroborés par les analyses de sève sur la campagne précédente parmi des membres AgroLeague, en particulier liés à des manques en bore et molybdène sur blé.
Par ailleurs, la plante a besoin d’énergie et d’eau pour synthétiser des protéines complexes à partir d’azote sous forme nitrate (en moyenne 4 molécules d’eau pour 1 molécule nitrate). La plante va se gorger d’eau, la turgescence des cellules va faciliter la pénétration de la cuticule par les insectes piqueurs. La silice et le calcium jouent un rôle essentiel car ce sont des éléments importants pour la synthèse de la paroi extérieure de la cellule végétale. Point de vigilance : ne pas avoir un excès de potasse durant les premiers stades de la plante car cela défavorise l’absorption du calcium. Jusqu’au tallage/début de la montaison, la plante aura un besoin important en calcium. Un apport trop précoce de potasse peut limiter l’absorption du calcium et avoir un effet indésirable sur la pression insectes.
Les insectes piqueurs suceurs sont sensibles aux excès de sucre dans la sève et au redox
Les insectes piqueurs suceurs sont sensibles à la teneur en sucre dans la sève : ils ne supportent pas une concentration élevée. Une solution rapide peut être de préconiser un apport de mélasse couplé à un insecticide comme levier pour limiter l’attaque de ces insectes. Des essais ont été concluants chez des membres AgroLeague avec des applications de 1L/ha sur maïs et sur blé au stade 1 feuille. L’avantage de cette opération est son coût : environ 0,02 €/ha.
Par ailleurs, les pucerons et cicadelles aiment les milieu oxydés. L’apport d’un antioxydant peut aider à diminuer la pression. Cela peut se traduire concrètement par un apport de vitamine C à faibles doses dans le pulvérisateur (10 g/ha).
Enfin, l’enrobage de semences est une technique qui permet de stimuler les défenses immunitaires de la plante. Il est essentiel de favoriser le développement de la plante dès le départ car le virus aura un impact plus important s’il est injecté au début du développement végétatif de la culture. D’où l’importance de l’aspect nutrition végétale.
Ce sont des moyens de prévention redoutablement efficaces, mais il est important de souligner qu’il faut être tout de même très attentif, observer et intervenir en chimique si besoin.
Conclusion
L’agriculture biaise les phénomènes naturels écosystémiques. Souvent, les maladies sont des indicateurs des déséquilibres que l’on a induits par ces biais. L’environnement qu’on a créé artificiellement favorise les conditions d’apparition et de prolifération des ravageurs et maladies.
Demain, les solutions de type chimique seront réduites par leur perte d’efficacité et, dans certains cas, l’interdiction de certaines molécules actives. L’intérêt de la recherche est de trouver des actions préventives pour limiter les pressions ravageurs.
Les plantes produisent des composés immunitaires pour lutter contre insectes, bactéries et champignons. Ces défenses peuvent être stimulées par des nutriments, par le microbiote de la rhizosphère et par des biostimulants. La méthode AgroLeague consiste à étudier, mesurer et rééquilibrer pour favoriser la photosynthèse et atteindre une santé optimale des cultures pour prévenir l’apparition des maladies.
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