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Face au dérèglement des précipitations, les *membres de la League* visent à améliorer la résilience économique et environnementale de leur système.
Intégrer des couverts végétaux permanents dans la rotation est une des pratiques qui permet de combiner protection du sol et performance du système. Ils permettent d’assurer une couverture végétale du sol sur la parcelle après la moisson sans devoir réaliser un semis spécifique.
Voici quelques éléments pour t’aiguiller dans ta réflexion sur le choix du couvert végétal permanent en fonction de tes conditions locales.
Quelle composition du couvert permanent ?
De nombreuses légumineuses peuvent être envisagées en tant que couverture permanente.
Pour choisir une légumineuse adaptée aux conditions locales, il est important de prendre en compte les critères suivants : la réserve utile du sol (pour éviter la concurrence sur la culture principale), le type de sol (sécheresse en été, hydromorphie), le pH du sol (et/ou la disponibilité en calcaire actif), les possibilités de fourrage et la période d’implantation souhaitée pouvant favoriser l’implantation et les possibilités de désherbage de la culture principale.
Voici différentes possibilités :
- La luzerne : densité 8-10 kg/ha ; pH 7 (voire 6,5) et plus. Adaptée au sol calcaire. Bonne résistance au sec. Système racinaire pivotant. Sensible à l’humidité. Production fin de printemps, été et automne. Installation assez rapide. Fourrage possible. Bonne pérennité (4-5 ans). Bonne résistance aux désherbages. Les variétés de luzerne qui ont le plus gros repos végétatif sont dites flamande, contrairement aux types méditerranéenne ou africaine. Attention, la luzerne est une des légumineuses permanente la plus agressive et nécessite une surveillance accrue pour la régulation
- Le trèfle blanc : densité 4-5 kg/ha ; pH 5,5 à 7. Résistance moyenne au sec et à l’humidité. Système racinaire superficiel. Production au printemps et à l’automne. Installation assez rapide. Fourrage difficile. Bonne pérennité (4-5 ans). Résistance moyenne aux désherbages. Il s’étend via ses stolons ce qui peut rendre difficile le semis en N+1 avec un semoir à dents. En trèfle blanc, on s’oriente généralement vers une variété dite naine (par rapport à la taille de son feuillage).
- Le trèfle violet : densité 6-8 kg/ha ; pH 5,5 à 6,5. Résistance moyenne au sec et à l’humidité. Système racinaire intermédiaire. Production printemps et été. Installation rapide. Fourrage possible mais difficile à sécher. Faible pérennité (2-3 ans). Résistance moyenne aux désherbages. Le trèfle violet peut être concurrentiel, notamment lors de son implantation.
- Le lotier : densité 8-10 kg/ha ; pH 5,5 à 7,5. Très bonne résistance au sec et bonne résistance à l’humidité. Système racinaire pivotant. Production peu importante. Installation assez rapide. Bonne pérennité (3-4 ans). Bonne résistance aux désherbages. A noter qu’il existe deux lotiers : le corniculé et le lotier des marais (particulièrement adapté aux terres hydromorphes).
- Le sainfoin : densité 40-50 kg/ha (en décortiqué) ou 160 kg/ha avec les cosses. pH 6,5 à 8. Très bonne résistance au sec et sensible à l’humidité. Production fin printemps, été et automne. Installation assez rapide. Fourrage possible
Comment réussir l'implantation du couvert ?
Plusieurs méthodes existent pour introduire le couvert permanent sur une parcelle.
La méthode la plus répandue et la plus simple est l’implantation de la légumineuse pérenne avec le semis du colza. Autrement, certains agriculteurs font une implantation lors du dernier passage de la bineuse dans le tournesol. Il est également possible de semer la légumineuse à la volée en février dans une céréale en place ou bien au semis avec l'orge de printemps, mais avec moins de succès.
La luzerne est adaptée aux sol calcaires avec un pH supérieur ou égal à 7. Elle se maintient plus facilement dans le temps et résiste mieux aux désherbages que les trèfles.
Dans des sols avec des pH inférieurs à 7, mieux vaut opter pour un trèfle blanc nain comme plante compagne (3 kg/ha). Le trèfle violet est également utilisé (10 kg/ha), mais sa gestion est plus délicate car il est plus haut en végétation. Cependant, la présence de stolons en surface peut gêner le semis du blé. De plus, le trèfle a l'inconvénient d'avoir un profil racinaire proche de celui du blé, ce qui peut impacter son rendement. Il est conseillé de lui imposer une régulation stricte, voire de le détruire, pour éviter cette concurrence qui pourrait être dommageable pour la céréale.
Une autre option existe pour les sols ayant des pH inférieurs à 7 : le lotier. Le lotier corniculé sera préféré en sol non-hydromorphe et le lotier des marais en sol hydromorphe (8 à 10 kg/ha).
Il est possible d’associer plusieurs légumineuses. Dans ce cas, on divise les doses. À noter que d'un point de vue économique, la luzerne et le lotier coûtent plus chers que les autres mais restent les plus efficaces dans le temps s’ils sont conservés plus de deux - trois ans.
Comment gérer les adventices ?
Les solutions purement chimiques ne suffisent parfois plus à réguler les graminées résistantes. Pour une stratégie efficace de lutte contre les adventices, il est donc important d’adopter une vision à l’échelle de la rotation.
Ainsi, une rotation 2-2 (2 dicotylédones, puis 2 graminées), permet :
- De désherber les graminées dans les cultures dicotylédones et de désherber les dicotylédones dans les cultures graminées, plus efficacement et à moindre coût
- de plus, ajouter des cultures de printemps et des légumineuses permettra de briser les cycles, et de fixer de l'azote, ce qui n'est pas négligeable dans le contexte actuel.
Par exemple, une rotation colza - céréale - céréale - pois/féverole (ou autre légumineuse) serait intéressante. En effet, elle pourra permettre d'implanter un couvert permanent avec le colza, puis de le détruire lors de la dernière céréale. Pour finir, un précédent légumineuse est intéressant, car il permet d'éviter la présence de gros résidus pailleux avant l’implantation du colza, et permet donc de se soustraire de certaines problématiques comme celle des limaces.
⚠️ Il est nécessaire de partir sur une base propre avant de se lancer en couverts permanents.
Conclusion
Le manque d'hiver certaines années entraîne malheureusement un repos végétatif trop court et un contrôle chimique des plantes pérennes sous couvert est souvent nécessaire pour limiter la concurrence sur la culture en place.
Pour aller plus loin, un module technique AgroLeague est disponible sur cette thématique : “La régulation du couvert permanent en céréales à l’automne”.
AgroLeague est le 1er groupe technique indépendant en France. En plus de la dynamique de groupe, on met l'accent sur un conseil technique de proximité et personnalisé au service des membres qui souhaitent concilier performance économique et environnementale.
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