Jérôme | Loir-et-Cher

" On a connu des échecs sur certaines cultures, mais aussi des très bons résultats qui ne nous ont jamais fait perdre de vue l’intérêt du non travail du sol. Ça a été parfois compliqué, surtout sur les limons battants. Il n’y avait pas de guide pour se lancer dans une telle transition. On était conscient de l’importance de la matière organique et des couverts végétaux, mais on ne savait pas à quel point c’était essentiel. L’erreur que l’on a commise de 2006 à 2013 a été de sous-estimer le post fertilisation (réduction des quantités d’azote et impasse sur les engrais de fond). Sur une exploitation conventionnelle, l’impact est immédiat. Sur une ferme en TCS/SD, c’est un plus long. Mais au moment où l’on voit les effets néfastes, le moindre incident a des répercussions immédiates. Après en avoir pris conscience, nous avons démarré une vraie réflexion pour rééquilibrer les sols. Maintenant ça va nettement mieux. "

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« À l’origine, mon père s’est installé à la fin des années 1980 sur 80 ha à Lancôme dans le Loir-et-Cher (41) sur une ferme qui appartenait à son grand-père. Il était double actif et faisait de la prestation de service pour des travaux de drainage sur les fermes du secteur. Les premières réflexions liées à l’utilité de la charrue sont liées à ça. Au cours de ses activités de drainage, il observait que le sol était boueux sur les premiers 25 centimètres, s’en suivait une ligne de discontinuité puis, en-dessous, du sol structuré sur lequel il pouvait presque « travailler en chaussons ». Il a donc décidé de faire ses premiers essais de sans labour sur quelques parcelles. Il y a trouvé un intérêt en termes de temps de travail et d’usure du matériel (à cause des pierres, les pointes étaient changées tous les matins et les versoirs de la charrue ne tenaient pas une campagne entière). Il a ensuite repris la ferme de son père à Santenay en 1992 et a généralisé le non-labour à l’ensemble de la surface sur les 2 sites. 

Il travaillait beaucoup en TCS avec un cover crop et combiné de semis, sans faire de gros investissements. En 1996, il s’est intéressé au Sem-exact de chez Horsch. D’abord d’un point de vue mécanique, mais également car la partie commerciale était organisée par petits groupes d’échange d’utilisateurs. Comme il ne pouvait pas discuter avec ses voisins sur les techniques du non-labour, il allait visiter les utilisateurs et échanger avec des gens qui voyaient les choses de la même manière que lui. De fil en aiguille, il s’est créé un réseau de personnes qui travaillaient comme lui, dont Jean Claude Quillet à Montlouis-sur-Loire. Après plusieurs voyages à l’étranger (États-Unis, Brésil, Argentine, Australie, Madagascar), mon père s’est inspiré de ce qu’il avait vu ailleurs, car à cette époque les techniques d’ACS n’étaient pas courantes dans le secteur. 

J’entre en scène en 2006 lors de mon installation sur une ferme voisine de 150 ha avec des parcelles mitoyennes à celles de la ferme familiale. Le sol était en mauvais état et la ferme en liquidation judiciaire. Il nous fallait trouver une solution pour semer rapidement. Durant un voyage en Australie, mon père avait vu des semoirs à dents travailler dans des conditions difficiles. Nous avons donc entrepris la construction d’un semoir à dents en 6 mètres, ce qui nous a permis d’emblaver l’exploitation reprise rapidement. On a gardé ce principe là, en l’améliorant au fil des années. 

On a connu des échecs sur certaines cultures, mais aussi des très bons résultats qui ne nous ont jamais fait perdre de vue l’intérêt du non travail du sol. Ça a été parfois compliqué, surtout sur les limons battants. Il n’y avait pas de guide pour se lancer dans une telle transition. On était conscient de l’importance de la matière organique et des couverts végétaux, mais on ne savait pas à quel point c’était essentiel. L’erreur que l’on a commise de 2006 à 2013 a été de sous-estimer le post fertilisation (réduction des quantités d’azote et impasse sur les engrais de fond). Sur une exploitation conventionnelle, l’impact est immédiat. Sur une ferme en TCS/SD, c’est un plus long. Mais au moment où l’on voit les effets néfastes, le moindre incident a des répercussions immédiates. Après en avoir pris conscience, nous avons démarré une vraie réflexion pour rééquilibrer les sols. Maintenant ça va nettement mieux. 

Désormais, mes parents sont à la retraite. Je suis tout seul sur la ferme avec un salarié à mi-temps et un apprenti sur 320 ha. Je fais partie d’une organisation de matériel en commun pour la récolte et le semis avec 2 collègues qui sont dans la même dynamique que moi. En termes de rotation, je cultive du blé, colza, orge de printemps, pois d’hiver et millet. Au niveau des couverts végétaux, je suis sur une dominante de féverole (qui fait un travail de décompactage intéressant dans les limons battants) à laquelle je rajoute des graminées. Pour les intercultures courtes, j’utilise ce qui est présent sur la ferme (colza, tournesol). Nous travaillons actuellement avec Baptiste Duhamel (l’agronome de mon secteur) sur un programme pertinent de couverts végétaux adaptés à ma rotation et à mes contraintes. J’ai également commencé à travailler avec des couverts permanents de luzerne car il est parfois difficile d’implanter des couverts en sortie d’été. L’objectif est également de pouvoir enchainer 2 blés sans avoir les effets néfastes de la monoculture. 

Ce qui m’a fait m’intéresser à AgroLeague à la base c’est d’avoir un agronome personnel. J’ai la chance d’avoir Baptiste qui est vraiment bon dans son rôle. On a un vrai suivi de sa part. Je n’attendais pas qu’AgroLeague trouve les réponses miracles à mes problèmes mais d’avoir des avis, des ressentis, des pistes d’amélioration. Agroleague me donne cette possibilité donc c’est exactement ce que j’attendais. »


Jérôme, membre AgroLeague dans le Loir-et-Cher. (41)

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