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"Mon père avait une petite exploitation en polyculture élevage. J'y ai grandi; petit, c’était un jeu de travailler à la ferme. Durant mes études, j'ai fait des stages en apprentissage dans diverses fermes. Il y avait aussi les magazines agricoles à l'école que j'aimais feuilleter. Quand j'étais jeune, ça me faisait rêver. Avec le temps, les motivations ont évolué. Au début, c'était la partie tracteur, matériel… après, pendant mes études, c'était la partie technique des cultures et l'aspect gestion. Et maintenant, c'est le raisonnement économique, la gestion d'entreprise et aussi toute la partie agronomique.
Après mes études, c’était pour moi utopique de vouloir s'installer car mon père n'avait pas beaucoup d'hectares, la ferme n’était à ce moment là pas viable et le prix du foncier était trop élevé. J'ai travaillé dans une coop pendant quelques années comme technicien agricole. Ça a été le déclencheur, en voyant des agriculteurs tous les jours, tout le temps, voyant ce qu'il fallait faire ou ne pas faire. Quand tu as eu un autre métier avec un patron, des contraintes, des objectifs, la pression des clients, … le métier d'agriculteur est quand même très appréciable, même s'il y a d’autres soucis à gérer. J’ai d’abord eu l'opportunité de récupérer quelques terres en fermage tout en restant technicien. Ensuite, d’acheter en plaine à un agriculteur qui partait à la retraite et qui n'avait pas de reprise. Je me suis installé hors cadre familial. J'ai continué en parallèle de mon travail pendant 2 ans, puis j'ai arrêté le travail de technicien car c’était trop compliqué de faire les deux sérieusement.
J’ai fait une année en conventionnel en 2017. Avec les annuités de foncier à payer, le matériel à acheter, c’était compliqué. Je voulais à tout prix faire ce métier donc j'ai foncé. Une fois que j'ai eu acheté les terres, je me suis demandé comme j'allais les payer. Rires. Il a fallu s'adapter et on est passé en bio. Je suis venu au bio au début dans un souci de meilleure valorisation de ma production. Maintenant que l'on y est, ça me parait évident. Si je devais revenir au conventionnel, je le ferais différemment avec des méthodes de semis direct, de couverts vivants, de non labour, je ferais beaucoup plus attention au sol et à la biodiversité. Aujourd'hui, on a mis en place un cercle vertueux en AB avec des blés très rustiques qui font beaucoup de paille. Le champ reste propre et ça produit correctement, ça laisse de la biomasse qui amène de la vie dans le sol et améliore significativement sa fertilité. Fertilité renforcée par l'implantation de couverts végétaux entre les cultures et par un travail très superficiel du sol.
J'ai investit dans le foncier car je pense que c'est une valeur sure et sécurisante. Je veux maintenant me stabiliser et me focaliser sur la surface que l'on a actuellement et bien caler la rotation, que ce soit durable économiquement et agronomiquement. Une rotation simple, avec des débouchés. Dès qu'on est sur des marchés de niche ou sous contrat, on peut remettre en cause le système d'une année sur l'autre. Je veux un assolement qui soit régulier et sécuriser au maximum. Il n'y a pas de recette magique. Non, il n'y a pas de recette puisque chaque année, on compose. On est dans la bonne direction. Maintenant, il faut peaufiner. Plus on avance, plus on apprend de choses, plus on a l'impression de ne rien connaître.
Je fais régulièrement des formations d'agronomie. Avec AgroLeague, je cherchais l'aspect agronomique personnalisé, je cherchais à passer un palier avec une démarche de suivi adapté à ma vision et à mon exploitation. Je ne suis pas figé sur quelque chose, je ne suis pas borné du tout. Parfois, on pense avoir trouvé la voie royale et en fait pas du tout. Je n'ai pas peur de remettre en question le système radicalement d'une année sur l'autre. J'essaye d'avoir un maximum de connaissances plutôt que d'être très pointu sur quelque chose. Et surtout j'essaye vraiment de prendre beaucoup de recul par rapport au milieu agricole. Je vois que c'est une entreprise comme une autre aujourd'hui. J'ai une démarche entrepreneuriale. Tout ne marche pas. Il y a des choses qui ne fonctionnent pas et parfois on se plante. C'est pas grave, on se remet au travail et on recommence différemment en analysant ce qui n'a pas fonctionné et surtout pourquoi. Il y a cette citation : je ne perds jamais; soit je gagne, soit j'apprends. L'agriculture, c'est un très beau métier."
Damien, membre AgroLeague installé dans le Gers
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