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"Mes parents sont venus en France en 2000, quand j’avais 7 ans. Ils venaient des Pays-Bas et voulaient s’installer. La ferme de mon grand-père ne pouvait pas être reprise et c’était impossible d’acheter des terres là-bas avec la pression foncière. Ils se sont installés en polyculture élevage avec des chèvres en AOP Valençay. Je savais que je voulais prendre la suite. L’élevage est vraiment une passion. Ça c’est poursuivi comme ça jusqu’à ce que je m’installe après mon BTS. On s’est agrandi et on a augmenté le troupeau.
Pendant mes études, j’avais un prof axé agriculture de conservation. Il nous a montré des images de « dust balls » aux Etats-Unis et des données chiffrées sur la perte de terre par érosion éolienne. C’est quand même incroyable d’en arriver là et de gaspiller ce que l’on a. Ça m’avait marqué et j’ai toujours bien aimé ne pas faire comme les autres, essayer les choses et me diriger vers ce qui me convient le mieux. J’ai commencé à m’y intéresser, à me renseigner. Et c’est là que je me suis dit que c’était quelque chose qui pourrait être adapté à l’exploitation. Et permettre peut être d’améliorer les terres à faible potentiel, valoriser celles à fort potentiel, et avoir plus de résilience suite au changement climatique qu’on subit de plein fouet. On a commencé par arrêter le labour. Ça a marché, et on avait un gain de temps et de fioul.
On avait du matériel de culture usé. Je me suis dit que quitte à changer de semoir, on passerait le pas du semis direct. Au final, on passe moins de temps dans le tracteur et plus de temps à mettre les bottes et à aller dans les champs pour observer. Au début, on s’inquiétait aussi mais en fait il n’y avait pas quoi. Sur les terres qui sont en SD depuis 5-6 ans, ça commence à se connaître; je vois des effets sur la résistance à la sècheresse et sur la santé des plantes. Je vois l’impact clairement sur la vie du sol; j’ai de la portance, de la porosité, j’ai moins de soucis sur des parcelles qui étaient très humides. Un autre point fort : les couverts végétaux peuvent être valorisés pour le sol, ou en cas d’année difficile, pour l’élevage. Maintenant, on voudrait augmenter l’atelier élevage et réduire la partie polyculture. Il y a des choses qui vont changer mais je ne ferais pas marche arrière. Ça me plait énormément, il y a un intérêt personnel, un intérêt climatique et économique. J’y ai pris goût. L’objectif est aussi la réduction de phytos. Ça va plus vite que ce je pensais. C’est aussi Important au niveau de l’image. Un exemple : on habite la campagne, mais j’ai une parcelle à côté d’une habitation. Il est instituteur, il transmet certaines choses aux enfants et on peut créer une cercle vertueux pour changer l’image de l’agriculture. Je les préviens pour aller faire des traitements; et c’est bien aussi de se dire que je fais 2 traitements par an au lieu de 6. Tout le monde est gagnant au final, et aussi notre portefeuille, notre santé.
C’est la remise en cause de certaines pratiques. Il faut essayer; si on continue comme ça, on n’y arrivera pas. Pour quelqu’un qui veut se lancer, je dirais que c’est important d’adhérer à un groupe, d’être à plusieurs pour partager nos expériences et ne pas être seul. De voir que d’autres le font et que ça fonctionne permet de passer le cap. Après, quand ça loupe, on est vite au courant aussi. Comprendre les échecs est important. C’est quelque chose qui se simplifie avec AgroLeague, savoir d’où vient le problème. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai adhéré. J’essaye de comprendre, mettre des choses en place pour les corriger.
Pour les exploitations qui veulent évoluer, il faut soit changer de pratiques ou raisonner autrement qu’en rendements pour s’en sortir. Les changements climatiques vont assez vite. Garder le même système que nos parents ne fonctionnera pas forcément jusqu’au bout. Il ne faut pas pour autant effacer ce qu’ont fait nos aînés. On est à une autre ère. Il faut arriver à gagner sa vie, en profiter, nourrir le monde, et respecter notre environnement."
Matthijs, membre AgroLeague installé dans le Cher
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