Réussir les semis des cultures de printemps en semis direct : 3 points clés

Après de longs mois d’hiver, nous avons les yeux rivés vers les semis des cultures de printemps. Pour ceux qui mènent une agriculture de conservation et qui souhaitent semer en direct derrière des couverts végétaux hivernaux, cela représente un vrai défi. La minéralisation est ralentie car il n’y a plus l’oxygénation apportée par le labour. Le sol se réchauffe moins vite, ce qui peut être problématique pour des cultures comme le tournesol ou le maïs qui nécessitent une certaine température du sol en sortie d’hiver pour avoir une bonne levée.Bastien Lamothe, agronome chez AgroLeague, est originaire du sud-ouest et a beaucoup travaillé sur les systèmes en AC, en particulier sur la culture du maïs. Dans l’Agronomie & Nous, il nous partage 3 points à garder en tête pour réussir ses semis de cultures de printemps en semis direct.

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Après de longs mois d’hiver, on a les yeux rivés vers les semis des cultures de printemps. Pour ceux qui mènent une agriculture de conservation et qui souhaitent semer en direct derrière des couverts végétaux hivernaux, cela représente un vrai défi. La minéralisation est ralentie car il n’y a plus l’oxygénation apportée par le labour. Le sol se réchauffe moins vite, ce qui peut être problématique pour des cultures comme le tournesol ou le maïs qui nécessitent une certaine température du sol en sortie d’hiver pour avoir une bonne levée.

Bastien Lamothe, agronome chez AgroLeague, est originaire du sud-ouest et a beaucoup travaillé sur les systèmes en AC, en particulier sur la culture du maïs. Dans L’Agronomie & Nous, il nous partage 3 points à garder en tête pour réussir ses semis de cultures de printemps en semis direct. 

Destruction du couvert ? Quelle stratégie

Les couverts végétaux constituent un élément essentiel de l’équation quand on est en agriculture de conservation. Cependant, il faut bien garder en tête que c’est la culture de vente qui nous fait gagner de l’argent et qu’il faut donc mettre tous les atouts de son côté pour assurer une bonne levée de la culture. 


La première chose à déterminer est la date de destruction du couvert : celle-ci se détermine en fonction du stade végétatif du couvert en place et de la date d’implantation de la culture à suivre. Quand ceux-ci arrivent à floraison, à l’exception des cas où la date d’implantation prévue est encore trop éloignée, c’est le bon moment pour les détruire. À partir de ce stade, les plantes ne produiront plus de biomasse et concentreront leur énergie dans leur système reproductif. Par ailleurs, plus le couvert est à un stade avancé, plus il se lignifie (le rapport C/N augmente) et moins les éléments nutritifs seront libérés rapidement derrière. 


La biomasse du couvert est également un élément à regarder. Si le couvert est peu développé (inférieur à 2 t/ha de biomasse), on peut le laisser un peu plus longtemps. Lorsqu’il dépasse les 5-6 t/ha de matière sèche, il faut éviter qu’il devienne un inconvénient pour la culture suivante. La destruction peut se faire peut détruire le couvert 3 semaines - un mois avant semis, surtout avec des couverts à majorité composés de graminées, pour éviter les faims d’azote et les problèmes d’implantation. La destruction peut se faire de manière chimique ou mécanique.


Dans les premières années de semis direct de maïs derrière un couvert, le broyage est une piste intéressante pour simplifier la gestion. Même si cela est gourmand en temps et en énergie, cela peut aider à accélérer la dégradation des résidus, à limiter les dégâts de limaces et à se donner une meilleure marge de manœuvre pour les désherbages anti-germinatifs. De plus, cela permet aux rayons du soleil d’atteindre plus facilement la surface et de mieux réchauffer le sol. 

Comment optimiser la fertilisation ?

En AC, la minéralisation du sol est plus faible que dans les systèmes labour et l’activité biologique redémarre plus lentement du fait du non travail du sol. Après des années de pratique de semis direct, le capital sol est plus riche en azote organique donc le problème est moindre. Pour les systèmes en transition, la fertilisation est un élément central de la réussite. 

Il est possible d’apporter toute la dose azotée 1 mois avant le semis pour stimuler l’activité biologique et activer la synthèse d’acides aminés dans le sol pour nourrir le maïs. En réalité, il est difficile de connaître sa date exacte de semis 1 mois à l’avance et on peut avoir une mobilisation de l’azote si le couvert a un rapport C/N trop élevé (majorité de graminées). 

Dans le sud-ouest, l’optimum est d’apporter une partie du solde 10 jours avant le semis puis  de revenir avec une fertilisation starter au moment du semis. La localisation de la fertilisation permet de positionner les engrais à proximité du système racinaire, surtout en ce qui concerne le phosphore et le potassium, et permet ainsi une meilleure implantation des cultures de printemps. Enfin, on peut apporter le solde d’azote restant assez rapidement, au stade 5 feuilles.

De plus, le maïs est une culture qui réagit bien aux cocktails d'oligo-éléments. Compléter l’engrais starter avec du zinc ou du soufre est une piste intéressante à prendre en compte dans la réflexion sur la fertilisation pluriannuelle. On observe également des carences régulières en manganèse (à apporter plutôt en foliaire) et en magnésium (à apporter au sol ou en foliaire) qui sont des éléments importants pour la photosynthèse. Au niveau du potassium, il est intéressant de l’apporter plus tardivement car il peut être antagoniste du calcium dans les premiers stades végétatifs. Pour cela, les analyses de sève sont un bon outil de pilotage agronomique pour ne pas naviguer à l’aveugle. 

Réussir son semis direct

En semis direct, on peut avoir des pertes donc il peut être judicieux de gonfler la densité de semis de +10% pour assurer un bon peuplement. Il faut avoir de la vigueur au départ pour limiter l’impact des ravageurs et des adventices. Quand on décale les dates de semis, on observe que l’on a généralement moins d’eau en mai-juin qu’en avril-mai. Sur les essais menés dans le sud ouest, on a vu que l’eau était un élément central pour un bon enracinement du maïs. Pour cela, c’est crucial d’avoir des prévisions météo précises. Il est important de s’imposer une méthodologie rigoureuse sur laquelle baser ses prises de décisions en prenant compte de la température, la pluviométrie et le potentiel de ressuyage. 

Assurer une régularité de la profondeur de semis est également un élément primordial de la réussite de l’implantation. La baisse de minéralisation et la température du sol en semis direct peuvent baisser la vigueur des plantules, donc des décalages de profondeur sur la ligne vont impacter directement la culture. Mieux vaut baisser la vitesse et bien contrôler le rappui des parallélogrammes. En général, on se base sur la règle suivante : 3 fois et demi la taille de la graine (3 cm). Des essais dans les sables noirs des Landes à différentes profondeurs ont montré qu’à plus de 5 cm, on constate des écarts de stade jusqu’à plus de 2 feuilles, seuil au-delà duquel on peut aller jusqu’à 100% de perte sur le pied en retard végétatif. 

Conclusion

3 points à retenir pour réussir ses semis de cultures de printemps en semis direct :

  • Le couvert végétal ne doit pas se transformer en inconvénient pour la culture de vente.
  • La fertilisation doit s’anticiper comparé à des systèmes en techniques simplifiées et/ou labour.
  • Les conditions de semis doivent être optimales : T°C, pluviométrie et ressuyage doivent être au vert pour déclencher les semis.

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