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"Un bon couvert, c'est 3 familles et au moins 5 espèces différentes", même si Bruno Cabrol a plutôt tendance à en mettre 10… Bruno est venu partager son expérience il y a quelques mois lors d’un webinaire AgroLeague.
Bruno Cabrol est éleveur laitier dans le Tarn (300.000 litres de lait annuels pour 160 ha dont 80 ha irrigués). Historiquement en non travail du sol depuis 23 ans, Bruno a commencé à mettre en place des couverts il y a 5 ans en voyant ses marges chuter, et à la suite d’analyses de sol où il s’est rendu compte que son taux de matière organique était très faible (de l’ordre de 1% à 1,5%). Il s’est intéressé de près aux systèmes américains basés sur le non travail du sol, l’utilisation de couverts multi-espèces et l’insertion du pâturage sur les parcelles pour enrichir la réflexion sur sa ferme. 5 ans après avoir démarré les couverts, le taux de matière organique de ses parcelles oscille entre 2,5% et 3,5% et il a retrouvé de la rentabilité sur son système.
Avec un passif de sols très sollicités par une approche plus classique, beaucoup de tassement et d’exportation de la biomasse, les sols se sont dégradés et le taux de matière organique avec. De plus, Bruno souhaitait baisser la main d’oeuvre, réduire le travail du sol et les intrants pour gagner en marge.
Le choix des espèces du couvert était essentiel pour Bruno. Il s’est fait en fonction de la rotation, du type de sol, du mode de destruction (physique ou chimique), du matériel disponible, du prix des semences et de ses objectifs. En l'occurrence, il s’agissait pour Bruno de recréer de la vie dans ses sols et remonter son taux de matière organique : « L’axe principal c’est d’avoir des couverts, plus on met de biologie plus le système fonctionne ».
La stratégie s’est essentiellement axée sur les couverts d’hiver car ceux-ci génèrent plus de biomasse (8 à 10 t/ha en moyenne) et ne font pas le même travail. Selon Bruno, « les couverts d’hiver ont un meilleur impact sur les restructuration des zones maigres tandis que les couverts d’été agissent mieux sur les zones profondes ».
Sur son sol de type boulbènes légèrement acides (pH 6,5), il a choisi une dizaine de plantes en moyenne (graines en majorité auto-produites avec une partie achetée pour apporter de la diversité) : seigle, avoine noire, avoine brésilienne, féverole (70-100 kg, pas plus sinon elle inhibe le développement des autres espèces), vesce commune, vesce velue (intéressante car malgré le sec elle pousse toujours, contrairement à la féverole), trèfle incarnat.
Pour l’été, les couverts base sorgho fonctionnent bien car cette plante a une bonne croissance même en période de sécheresse et produit de la biomasse malgré le manque d’eau.
Certaines espèces de couverts d’été ne commencent parfois à fabriquer de la biomasse qu’en automne (trèfle incarnat, vesce velue). Cela peut être intéressant si l’automne est pluvieux et qu’il est difficile de semer les céréales d’hiver, ces plantes poussent et viennent couvrir le sol.
« Il est important de souligner que les couverts ne vont pas contribuer à la nutrition de la culture qui vient juste après mais bien à celle de l’année suivante. À ce titre, les analyses de sève permettent d’avoir un retour direct sur la nutrition de la culture et de voir ce qu’il faut apporter pour compenser. ».
Dans tous les cas, « il ne faut pas se poser de limite, opter pour la diversité ! » Avec un maximum d’espèces dans le couvert, les plantes vont développer des réseaux mycorhiziens différents et n’auront besoin d’aucun apport extérieur.
Au bout de 5 ans avec couverts, les bénéfices pour Bruno sont autant agronomiques qu’économiques.
Les couverts ont permis d’améliorer la structure et la fertilité du sol. Ils ont apporté de la matière organique (environ 2/3 de la matière organique dans le sol est due à la présence de racines) et ont fait proliférer l’activité biologique du sol. Désormais, le taux de matière organique de ses parcelles oscille entre 2,5% et 3,5%.
Les couverts ont également eu un impact positif sur le contrôle des adventices par compétition pour les nutriments et la lumière, et également des ravageurs en favorisant l’installation d’auxiliaires.
Par la réduction des charges de mécanisation, de l’utilisation d’engrais, de produits phytosanitaires, ils ont permis une augmentation de la performance avec la réduction des charges et donc une augmentation des marges.
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