Laisser ses pailles au champ pour faciliter l'implantation de la culture suivante

Newsletter

Inscrivez-vous pour recevoir nos flashs techniques

Merci ! Ton inscription a été prise en compte.
Oops! Something went wrong while submitting the form.
Sommaire

Laisser ses pailles au champ pour nourrir et protéger le sol

Si exporter la paille est sans doute le moyen le plus simple d’éviter les difficultés techniques que peut engendrer la présence de résidus végétaux sur le sol, la pertinence agronomique de cette pratique dans les exploitations céréalières est discutable.

Les résidus de culture doivent être considérés non pas comme des déchets verts mais comme des éléments clés de la productivité des systèmes agricoles.

Les pailles : éco-carburant du sol

La paille est un concentré d’énergie biochimique = énergie solaire transformée par la plante via le processus de photosynthèse :

  • Sa matière sèche est composée à 5% de matières minérales et à 95% de matières organiques (dont 85 à 90% de composés facilement décomposables et 5 à 10% de lignines, plus lentement dégradables).
  • En termes d’énergie, 1 tonne de paille équivaut à environ 400 litres de fuel.

Sa première vocation est d’alimenter la microfaune et flore du sol :

  • Les micro-organismes du sol consomment les matières organiques facilement dégradables et activent la minéralisation qui libère des éléments minéraux pour la plante.
  • Une fois la paille digérée, les lignines s’accumulent dans le sol et participent à l’humification (accumulation de matière organique stable), qui aura des propriétés physiques à plus long terme.
  • Le carbone active la chaîne trophique en cascade, incluant les régulateurs biologiques (protozoaires, nématodes) et les ingénieurs de la terre (vers de terre) qui jouent un rôle dans la structuration du sol.

Couvrir et protéger le sol

Le résultat est l’amélioration de la stabilité structurale du sol :

  • La production de glomaline (« colle du sol ») permet l’agrégation et l’organisation des particules du sol.
  • Les vers de terre créent des galeries et améliorent également la porosité du sol, ce qui engendre une meilleure aération du sol et un meilleur enracinement des plantes.

Si l’on exporte la paille, on ralentit le fonctionnement du sol (les analyses de sol AgroLeague permettent de mesurer la respiration microbienne, un des indicateurs clés de la fertilité biologique d’un sol).

Laisser les résidus de cultures en surface et implanter des couverts végétaux sont les moyens les plus efficaces pour combattre l’érosion :

  • Les résidus de culture laissés dans le champ protègent le sol contre les effets érosifs de la pluie et du vent.
  • L’absorption de l’effet cinétique des gouttes (« effet splash ») et la limitation du ruissellement seront d’autant plus efficaces que la densité de la couverture végétale est grande :
  • On estime qu’un sol couvert par des résidus à hauteur de 20% de la surface (travail de sol superficiel) diminue de moitié l'érosion du sol par rapport à une parcelle nue (SHELTON et al., 1991).
  • Une couverture de 90 % (semis direct) peut réduire l'érosion hydrique de 90% (WISCHMEIER & SMITH, 1978).
  • La réduction de l'érosion et l'amélioration de la capacité de stockage de l'eau dans le sol se traduisent à leur tour par une augmentation du rendement des cultures.

Faciliter le semis à venir

La moissonneuse est le premier élément du processus de gestion des pailles :

  • La hauteur de coupe des pailles et la faculté de répartition et de broyage des résidus ont une influence sur la suite du processus dans le cas où la paille n’est pas exportée.
  • Avoir une répartition régulière des pailles par le broyeur sur toute la largeur de la coupe permet d’éviter les amas de paille à la surface du sol.
  • Le sens du vent est également important à prendre en compte pour une meilleure répartition de la paille.
  • Si un imprévu arrive durant le chantier de récolte, il est préférable de faire marche arrière que de s’arrêter. Un arrêt net peut entraîner la formation d’un amas de paille qui peut devenir une source de problèmes par la suite (limaces, mulots).
Colza semé en direct avec un semoir à disques Avatar en CTF (Controlled Trafic Farming) avec paille fauchée haute dans la Sarthe (72)

Pour les Acistes, les semoirs à disques offrent une meilleure qualité de semis en l’absence de paille couchée au sol, ou si les pailles sont debout, ou si les pailles sont sèches et se coupent bien. Si l’on est équipé d’un semoir à disques, il est préférable de couper les pailles le plus haut possible pour éviter d’avoir trop de résidus au sol.

L'idéal est le stripper, qui permet d’arracher les épis tout en laissant la quasi-totalité des pailles au-dessus du sol. Un stripper coûte plus cher qu’une barre de coupe normale, mais il permet un meilleur débit de chantier car toute la paille ne passe pas dans la machine.

Inversement, un broyage plus ou moins fin est une bonne alternative si l’on est équipé d’un semoir à dents ou si un travail de sol est prévu en post-moisson avec des outils qui ont tendance à bourrer. Un broyage grossier peut être envisagé si le sol présente une bonne activité biologique.

Photo pour montrer l’efficacité du broyeur de paille et menue paille de la marque canadienne Redekopx : un équipement plus « simple » que la récupération de menue paille.

Source : Redekopx

Vous aimerez aussi

Ils ont choisi la voie d'une autre agriculture à nos côtés. Retrouvez leurs portraits !

Voir tous les portraits