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Le test Bêche
Un pré-requis pour évaluer l’état structural du sol
La structure du sol est un élément déterminant pour assurer une bonne implantation des cultures. Une structure tassée peut être corrigée par un travail du sol adapté. A contrario, si le sol présente une bonne structure, le travail du sol n’est pas nécessaire.
Dans ce cadre, effectuer un profil de sol au télescopique reste la méthode la plus précise, mais elle est chronophage et demande une certaine expertise pour l’analyse.
Une méthode plus simple à mettre en place pour réfléchir à la stratégie d’implantation de son colza est le test bêche. Il permet d'effectuer un diagnostic rapide de la structure du sol afin de confirmer ou d’infirmer l’importance d’un travail de sol.
Ce test se déroule en 4 étapes
- Observer la surface du sol (résidus végétaux, cailloux, présence de turricules de vers de terre, croûte de battance).
- Extraire un échantillon en creusant une tranchée de 30 cm de profondeur. La dureté du sol au moment de creuser est une première information.
- Observer le bloc (idéalement sur une bâche). Il faut observer comment se désagrège ce bloc de terre : facilement (terre fine), bloc (motte décimétriques), continu (monobloc).
- Il faut prendre chaque motte, la couper en 2 et observer l’intérieur de la structure : forme des mottes (rondes ou angulaires), porosité, présence de racines, lissage.
La grille d’interprétation permet de situer l’état structural du sol sur une échelle de 1 (structure du sol favorable, poreuse et sans tassement) à 5 (tassement important et peu de porosité).
Les mottes sont classées en 3 catégories :
- Les mottes poreuses (Γ gamma)
- Les mottes compactes (Δ delta)
- Et les mottes compactes avec des traces d’activité biologique (Δb delta b).
Plus le sol est poreux et non-tassé, plus la structure du sol est favorable.
Les enjeux et règles de décision à adopter
Pour être performant en termes de rendement, productivité et qualité, le colza doit être robuste. En d’autres termes, il doit être capable d’absorber les contraintes de l’environnement (aléas climatiques et aux bio-agresseurs) sans passer par une intensification des intrants pour exprimer son potentiel de rendement.
Les principaux enjeux auxquels fait face le colza dans son cycle sont :
- L’homogénéité de la levée;
- La concurrence des adventices;
- Les attaques d’insectes et la nutrition azotée (automnale et printanière).
L’implantation est une étape clé
Le colza a besoin d’environ 80°C à 90°C jour pour lever.
La texture du sol va également jouer sur la dynamique de levée. Le climat est très souvent sec au moment du semis de colza, ce qui complique la mise en place de la culture, en particulier dans les sols argileux (les zones sableuses et limoneuses et les climats océaniques laissent plus de marge de manœuvre). Le système racinaire pivotant du colza est très sensible à la compaction du sol, d’où l’importance du test bêche pour diagnostiquer l’état structural du sol.
On peut compter qu’il doit être levé au 1er septembre.
S'ensuit une phase de croissance relativement lente jusqu’au stade 4 feuilles, période pendant laquelle il met en place son système racinaire et fait peu de croissance foliaire. Le colza a besoin de 400°C jour pour atteindre le stade 4 feuilles (si la somme des températures est de 20°C, il faut 20 jours).
Durant cette phase critique, il est essentiel qu’il soit dominant sur la parcelle. Pour assurer la suite de son développement, il est crucial qu’il atteigne le stade 4 feuilles avant l’arrivée des grosses altises sur la parcelle.
Celles-ci arrivent généralement dans un moment de redoux après une phase froide et humide qui a souvent lieu entre mi et fin septembre selon le contexte climatique de la zone géographique. Il faut donc prévoir sa date de semis en fonction des conditions locales pour répondre à cette exigence. Par ailleurs, plus l’historique d’attaque d’altises est élevé dans le secteur et plus il est recommandé de semer tôt et de mettre en place des leviers agronomiques tels que des cultures associées.
Jusqu’à l’entrée d’hiver, la plante entre dans une phase de croissance dynamique : elle croît d’environ 1 feuille tous les 70-80°C jour. Durant cette phase, la nutrition est essentielle pour lui permettre de générer de la biomasse. Sur la campagne 2021, l'équipe d’agronomes d'AgroLeague a interprété plusieurs centaines d'analyses de sève sur colza. Globalement, les éléments les plus régulièrement en carences en début de cycle étaient :
- Le magnésium : plus de 70 % des colzas analysés étaient en manque de magnésium au début de leur cycle;
- Le bore : 50% des colzas analysés;
- Calcium : 46% des colzas analysés;
- Molybdène : 40% des colzas analysés.
L’apprentissage de la campagne passée est donc d’anticiper ces manques en effectuant des analyses de sève dès le stade 2 feuilles et de corriger les déséquilibres par des apports nutritifs précoces.
Les objectifs à atteindre au 15 novembre sont d’avoir un colza bien implanté avec un pivot d’au moins 15 cm de profondeur et 2 cm de diamètre, une biomasse supérieure à 1,5 kg/m² et plus de 85% de plantes saines pour viser un rendement supérieur à 30 q/ha.
Le test Berlèse (méthode de comptage des larves d’altises) constitue une bonne règle de décision sans pour déterminer si un passage d’insecticide est nécessaire à l’automne.
En résumé, pour obtenir un colza robuste il faut :
- Atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises (au 15-20 septembre);
- Avoir un pivot de 15 cm de profondeur et 2 cm de diamètre en novembre;
- Assurer une croissance continue et dynamique;
- Avoir un colza vigoureux en entrée d'hiver.