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Qu’est ce que le semis direct sous couvert végétal ?
Le semis direct sous couvert végétal (ou SDCV) est une technique d’implantation des semis sur un sol non travaillé (semis direct) et déjà recouvert d’une culture (couvert végétal). Le SDCV renforce l’activité biologique du sol et aide à le protéger contre l’érosion.
Cette pratique agricole respecte les 3 piliers de l’agriculture de conservation :
- couverture permanente du sol,
- absence de travail du sol,
- allongement des rotations.
Le semis direct sous couvert végétal contribue donc à une gestion durable du sol. Le sol et les couverts sont envisagés comme des outils avec à la fois une fonction de production et une fonction de service.
On distingue deux grandes façons de semer sous couvert, avec
- un couvert végétal détruit (ou mort) avant le semis,
- un couvert végétal vivant ou permanent, encore en place lors du semis.
Le semis direct sous couvert végétal détruit
Le semis direct sous couvert végétal détruit consiste à implanter le couvert directement après la récolte précédente. Le couvert reste en place le temps voulu, puis on le détruit avant le semis de la nouvelle culture.
Si la couverture végétale est en place lors du semis de la nouvelle culture, cette dernière peut être étouffée par le couvert et avoir des difficultés à lever. Afin d’éviter cela, le couvert peut être détruit de différentes manières.
- Destruction par le froid : un couvert est dit gélif lorsque les températures froides de l’hiver suffisent à le détruire.
- Destruction manuelle : certains couverts végétaux doivent être détruit avec un rouleau, parfois combiné à action chimique, avec le glyphosate
Les stratégies de destruction dépendent du couvert que vous avez choisi et de vos moyens techniques. Par exemple, la Gesse est couvert qui peut être choisi pour sa capacité à attirer les pollinisateurs. C’est également une espèce gélive qui est détruite lorsque la température atteint -5 °C.
L’avantage du couvert détruit est qu’il ne consomme pas d’eau et de nutriments, à part un peu d’azote lié à la dégradation des résidus par les microorganismes du sol. Il ne concurrence donc pas la culture de rente implantée par semis direct sous couvert.
Le semis direct sous couvert végétal vivant (ou couvert permanent)
Dans ce cas, le couvert est maintenu en place plusieurs années consécutives, et simplement affaibli ou régulé lors du semis de la culture de vente, afin de lui permettre de prendre le dessus. On laisse ensuite le couvert se développer en interculture afin de profiter à nouveau de ses services.
En effet, un couvert végétal vivant concurrence la culture de vente pour l’eau, l’accès à la lumière et aux nutriments. Pour réduire sa vigueur sans toutefois le détruire, on effectue un désherbage mécanique partiel, par exemple un broyage, ou bien un désherbage chimique partiel avec une dose réduite de produits phytosanitaires, comme le glyphosate.
Cette technique cherche à maximiser le temps de présence du couvert. On utilise donc des couverts pérennes, comme la Luzerne, voire des espèces capables de se resemer toutes seules d’une année à l’autre, comme le Trèfle blanc.
Par ailleurs, en faisant travailler le sol à la place du tracteur, vous pouvez diminuer vos coûts d’exploitation. Par exemple, en implantant sur un hectare un couvert multi-espèces avec légumineuses (comme la luzerne) on passe de 65 à 85 € par an en détruisant le couvert, à entre 16 et 23 € par an en semis direct sous couvert permanent.
La difficulté de cette technique réside dans la bonne maîtrise du couvert. D’une part, le nombre d'espèces pouvant être utilisées comme couvert permanent est limité. D’autre part, une mauvaise gestion du couvert permanent peut concurrencer la culture de vente.
AgroLeague est un partenaire indépendant des agriculteurs désirant amorcer ou consolider leur transition vers un modèle agricole durable et rentable. Notre équipe d’agronomes vous délivre des conseils et des actions concrètes adaptées à votre situation et à vos objectifs.
Avantages et inconvénients du semis direct sous couvert végétal
Le semis direct sous couvert végétal présente de nombreux avantages économiques et agronomiques par rapport au semis conventionnel précédé d’un labour. Cependant, pour bénéficier de ces avantages à long terme, vous devez faire les bons choix techniques. La complexité du SDCV nécessite un accompagnement car cette technique invite à repenser en profondeur son outil de production, son rapport au sol et sa méthode de travail.
Des gains économiques et agronomiques importants à long terme
Avantages économiques du SDCV
Le semis conventionnel avec labour peut avoir un impact négatif sur la structure des sols sensibles à la battance ou à l’érosion. Par ailleurs, en raison de la consommation d’un tracteur, l’opération est chronophage et gourmande financièrement. En effet, le travail du sol représente jusqu’à 40% du temps consacré à une grande culture et le prix du GNR a beaucoup augmenté ces dernières années :
Le labour reste cependant une manière efficace de préparer le semis. L’abandon du labour et le passage au semis direct sous couvert végétal est possible à condition que le couvert travaille à la place du tracteur (pour maintenir une bonne structure du sol, pour apporter suffisamment d’azote et de matière organique, et pour étouffer les adventices).
Par ailleurs, le prix des intrants azotés a grimpé en flèche, atteignant 525 € par tonne le 13 janvier 2023.
Le passage au semis direct sous couvert végétal permet donc de réaliser des économies conséquentes à long terme, grâce à :
- une diminution de la consommation de carburant,
- une diminution de la consommation d’intrants azotés,
- une diminution du temps passé à préparer le sol et le semis.
Avantages agronomiques du SDCV
L'apport d’azote minéral pose un risque environnemental par des pertes aériennes sous forme de gaz (protoxyde d’azote), et par lixiviation en cas de forte pluie (passage du sol vers les eaux souterraines).
Ce phénomène représente à la fois une perte économique et un danger pour la santé. Cependant, on ne peut pas faire l’impasse sur l’apport en azote car la fertilisation est un enjeu majeur de réussite d’une culture.
Une couverture végétale de légumineuses, comme le Trèfle incarnat ou la Féverole d’hiver, capte l’azote atmosphérique et le restitue dans une forme assimilable par la plante.
Pendant qu’il est en place, un couvert limite les pertes en azote en captant et en retenant l’azote contenu dans le sol. Lors de sa destruction, l’azote est restitué sous forme organique, décomposé lentement par les microorganismes du sol en azote minéral qui nourrit les cultures. Cette libération prolongée est moins sensible à la lixiviation.
La réussite du semis direct sous ce type de couvert est favorisé grâce à une fertilisation organique du sol. Par exemple, un blé semé sous couvert de luzerne donne un rendement maximal avec 30 à 60 unités d’azote en moins que le semis conventionnel.
Le semis direct sous couverture végétale présente également des intérêts agronomiques liés à la structure du sol. Grâce aux racines du couvert, le sol est moins exposé aux aléas climatiques. Contrairement à un semis classique, il est possible de semer directement la culture principale dans le couvert même après une pluie, car le sol est plus portant et moins collant.
Par temps sec, le couvert maintient un micro-climat humide en surface, diminuant ainsi le besoin en eau. Par exemple, le SDCV du maïs permet de réduire l’irrigation de 30 %.
En outre, certaines espèces de couvert permettent d’ameublir le sol. C’est le cas par exemple du radis fourrager, dont la racine pivotante éclate les mottes de terre en profondeur.
Le semis direct sous couvert végétal impacte également les adventices, puisque le couvert entre en compétition avec celles-ci et les empêche de se développer. Des essais ont ainsi montré qu’en SDCV, la germination des adventices est réduite à 17% par l’ombrage du couvert et à 19% par le stress hydrique engendré par la compétition pour l’eau.
Une opération rapidement rentable ….à condition d’être bien accompagné
J’ai commencé à faire des couverts végétaux avec AgroLeague. Baptiste, agronome de la League, m’a conseillé vis-à-vis de mon contexte pédoclimatique. Alors, j’ai démarré un couvert court entre deux céréales, et le résultat a été concluant, j’ai eu une bonne levée. Et puis, j’ai hâte de pouvoir refaire des couverts, au vu de la restitution du sol, j’en suis très satisfait !
Les couverts végétaux sont vivants, les avantages qu’ils procurent proviennent de leurs interactions avec tout l’écosystème aérien et souterrain du champ.
Lors du passage au semis direct sous couvert végétal, cet écosystème est particulièrement stimulé, puis il se stabilise au bout de 3 à 5 ans.
La remise en marche de cet écosystème fait apparaître quelques inconvénients. Être accompagné par un agronome permet de gérer efficacement ces difficultés et de maximiser les chances de succès du SDCV.
En effet, une couverture végétale offre un refuge pour les limaces et les rongeurs. Certaines cultures, comme l’orge d’hiver ou le colza, sont plus exposées à ces ravageurs et sans une bonne utilisation d’anti-limaces, elles peuvent subir des pertes importantes à la levée.
Heureusement, après 2 à 3 ans, des insectes auxiliaires, comme les carabes, viennent réguler le système jusqu’à ce qu’il atteigne un équilibre. Bien sûr, un bon choix des espèces de couverts végétaux et une gestion optimale accélèrent la mise en place des régulations biologiques.
Face aux rongeurs, on peut aussi couper les chaumes plus bas et mettre des perchoirs pour encourager les rapaces à venir chasser dans la parcelle.
Le couvert végétal limite également le réchauffement du sol au printemps, ce qui peut entraîner une moins bonne levée du semis et des rendements légèrement inférieurs. Les premières années, il faut être prêt à apporter eau et engrais au couvert afin d’éviter la compétition.
Ça va plus vite que ce je pensais. Comprendre les échecs est important. C’est quelque chose qui se simplifie avec AgroLeague, savoir d’où vient le problème.
Réussir le semis direct sous couvert végétal implique de prendre en compte de nombreux paramètres et de savoir prendre les bonnes décisions. C’est pourquoi cette technique agricole est difficile à maîtriser par un agriculteur seul.
Cependant, le SDCV est présent en France depuis les années 2000. Le milieu agricole ne manque pas de références techniques et de connaissances, n’attendez donc pas 3 ans pour vous lancer !
La clef de la réussite : documentez-vous, échangez avec d’autres agriculteurs qui pratiquent le semis direct sous couvert et faites vous accompagner par des agronomes qualifiés pour comprendre les enjeux spécifiques de votre situation.
Une technique qui implique de profonds changements
Au-delà des aspects techniques, le passage du semis conventionnel au semis direct sous couvert végétal implique aussi de changer ses méthodes de travail et sa façon de concevoir le sol. Par exemple, il faut parfois arrêter de considérer qu’un sol propre est un sol nu !
Au final, on passe moins de temps dans le tracteur et plus de temps à mettre les bottes et à aller dans les champs pour observer.
Le principe du SDCV consiste à utiliser le couvert et le sol comme des outils agricoles. Mais ces outils sont vivants, commander instantanément leur fonctionnement n’est pas évident !
Pour maximiser les gains liés au semis direct sous couvert, il faut laisser le plus longtemps possible le couvert en place, même s’il est détruit. En système conventionnel, les agriculteurs ont l’habitude de planifier à l’avance toutes les opérations sur la culture : semis, désherbage, amendements, récolte.
En SDCV, la couverture végétale empêche de déterminer longtemps à l’avance la date des passages du tracteur. Il faut donc repenser sa façon de travailler et la temporalité des travaux en fonction de la qualité et de la maturité du couvert : c’est le couvert qui dicte les opérations. Cela demande d’adopter une posture d’observation attentive du couvert et de réactivité.
Par ailleurs, pratiquer le semis direct sous couvert végétal implique d’acquérir et d’apprendre à se servir d’outils spécifiques comme un semoir à dent ou un semoir à disques. D’autres outils comme le rouleau peuvent être construits à partir d’outils agricoles existants. Au démarrage, nous vous recommandons de vous rapprocher d’agriculteurs présents dans votre région afin d’essayer leur matériel et d’écouter leurs conseils.
Chaque année, AgroLeague organise plus de 700 tours de plaine partout en France. Rejoignez-nous ou inscrivez-vous à notre newsletter afin d’être informé lorsque nos agronomes passent près de chez vous !
Comment choisir et semer sa couverture végétale ?
En fin de compte, les nombreux avantages du semis direct sous couvert végétal reposent avant tout sur les choix du ou des espèces de couverts. Voici les bonnes questions à se poser avant de choisir son couvert.
Critères de choix des espèces de couverts
D’un point de vue agronomique, l’efficacité du couvert est liée à la quantité de biomasse qu’il produit. Pour que votre couverture végétale se développe bien, vous devez donc restreindre votre choix sur les espèces adaptées à votre climat et aux qualités physico-chimiques de votre sol. AgroLeague propose à tous ses membres une analyse de sol qui permet de comprendre les spécificités de votre terroir, et vous aide à adapter vos pratiques en conséquence.
Ensuite, chacun dispose de matériel et de moyens financiers différents. Le prix des semences et le coût d’implantation varient en fonction des espèces de couverts végétaux. Par exemple, des semences de féverole de printemps peuvent coûter presque trois fois moins chers que celles d’une moutarde brune.
La rotation des cultures influence également la composition de la couverture végétale. Les espèces à semer doivent avoir des caractéristiques adaptées à la culture précédente et aux besoins de la suivante. Par exemple, un couvert de Tournesol consomme assez peu d’azote, il peut être intéressant à semer avant une culture pour laquelle un reliquat important d’azote est nécessaire.
Enfin, attention à la législation ! Par exemple, en zone Directive nitrates, il est parfois interdit de laisser un couvert de légumineuse pure pendant l’automne. Renseignez-vous ou prenez contact avec notre équipe
Mélanger les espèces pour combiner les avantages
En prenant en compte tous les paramètres précédents, vous pouvez déterminer les qualités agronomiques de la couverture végétale dont vous avez besoin.
Combiner les espèces de couverts végétaux permet d’obtenir les services écosystémiques et agronomiques recherchés, tout en optimisant la couverture du sol.
Par exemple, imaginons que vous souhaitez implanter un couvert végétal avant de semer une culture de colza. Votre couverture végétale doit vous aider à enrichir votre sol en azote organique. Vous avez également besoin d’une espèce très couvrante pour faire face au risque de graminées adventices. La Vesce est une légumineuse qui possède ces deux propriétés.
Par ailleurs, pour attirer les pollinisateurs, vous pouvez ajouter du Tournesol au mélange. Enfin, pour ameublir le sol avant le semis de la culture suivante, le radis fourrager est tout indiqué. Félicitations, vous venez de mettre au point votre propre couvert multi-espèces !
Réussir l’implantation de son couvert
Tout d’abord, il convient de bien choisir son semoir à semis direct. Notez que le semoir peut être autoconstruit, voire adapté à partir d’un outil conventionnel.
Ensuite, toujours dans l’optique de maximiser le développement du couvert pour profiter pleinement de ses avantages, on pourra semer particulièrement dense, et le traiter comme une culture de vente, en le fertilisant si nécessaire.
Enfin, vous maîtriserez votre technique à force d’essayer, de mettre à l’épreuve vos résultats, de profiter des retours d’expérience de ceux qui ont essayé avant vous et des conseils de nos agronomes !
Ça faisait déjà 4-5 ans que je me renseignais, j’avais juste besoin d’un coup de pouce, et je l’ai eu 🙂