Newsletter
Inscrivez-vous pour recevoir nos flashs techniques
Qu’est ce que l’association de culture ?
Avant la chimie, les agriculteurs utilisaient les associations de culture afin de profiter des bénéfices agronomiques qu’elles apportent. Après la seconde guerre mondiale, la mécanisation et l’intensification de l’agriculture a poussé la production vers la monoculture. Malheureusement, cette méthode échoue face aux crises écologiques et économiques que nous traversons aujourd’hui.
L’association de culture est une pratique recommandée en agriculture de conservation des sols (ACS) consistant à associer différentes variétés de plantes, ou différentes espèces, choisies selon leur période de développement et leur mode de fonctionnement.
Il est possible d’associer des cultures de différentes manières :
- Association de variétés
- Association à double récolte
- Association temporaire
- Couvert permanent
- Association avec une culture pérenne
Association de variétés
Sur la même parcelle, il est possible de cultiver une association de plusieurs variétés d’une même espèce.
Dans ce cas, les dates de semis et de récolte sont communes aux différentes plantes.
D’une part, cela permet de jouer sur la complémentarité des résistances et avantages de chacune des variétés. Ainsi les contaminations entre plantes peuvent être évitées (on parle d’effet barrière). Par exemple, on peut cultiver en même temps plusieurs variétés de blé.
D’autre part, cette association permet de lutter contre certains ravageurs en jouant sur la précocité d’une des variétés. L’application commune est celle du colza : la variété précoce (minoritaire) fleurit plus tôt et attire les méligèthes, prédateurs du colza, qui n’attaquent alors pas la ou les variétés principales.
Association d'espèces
L’association d’espèces consiste à semer un mélange d'au moins deux espèces différentes.
Associations à double récolte
Ces associations regroupent des cultures semées et récoltées en même temps. Le mélange de grains doit donc être trié à la moisson si l’on veut vendre les espèces séparément. Généralement, les mélanges peuvent être valorisés comme tel, par exemple en ensilages ou en production de foins pour la polyculture élevage.
Associations temporaires
Une association entre une culture principale et une culture secondaire peut être temporaire. La secondaire sert alors de couvert végétal avant le semis de la principale et apporte ensuite une fonction agronomique à la principale.
Par exemple, les légumineuses, comme la Féverole, fertilisent le sol en fixant l’azote pour la culture principale. Certains couvert peuvent également avoir un effet allélopathique et empêchent la croissance de certaines adventices.
Couvert permanent
Garder une couverture permanente du sol est un des principes de l’ACS. Cela permet de maintenir la fertilité et la structure du sol. C’est possible grâce aux Techniques Culturales Simplifiées (TCS), premières étapes vers le non-labour.
Ces couverts sont généralement des associations d’espèces intéressantes, semées en semis direct ou en semis direct sous couvert. Un exemple peut être l’utilisation de couverts CIPAN en céréales, ou de bandes d’enherbement ou fleuries en vigne ou arboriculture.
J’ai commencé à faire des couverts végétaux avec AgroLeague et le résultat a été concluant, j’ai eu une bonne levée. J’ai hâte de pouvoir refaire des couverts, au vu de la restitution du sol, j’en suis très satisfait.
Nicolas, membre d'AgroLeague depuis 2019
Associations entre une culture annuelle et une culture pérenne
L’agroforesterie est une association entre arbres et cultures
De plus en plus pratiquée, elle est historiquement très utilisée car elle permet de nombreux avantages. Les arbres créent un microclimat qui protège les cultures des aléas climatiques et de certaines contaminations. C’est aussi un moyen d’augmenter les interactions avec les auxiliaires en les attirant sur les parcelles. Les hautains, par exemple, sont des associations d’arbres et de vignes.
Association d'une culture annuelle avec une plante auxiliaire
Les plantes auxiliaires n’ont pas vocation à être récoltées mais vont aider au développement de la culture annuelle. Par exemple, on peut planter des haies dans les parcelles de céréales pour protéger de certaines attaques de ravageurs et attirer des auxiliaires.
Pourquoi réaliser des associations de culture ?
Les plantes ont su développer elles-mêmes des défenses naturelles contre les ennemis qui leur sont propres. L’association de culture procure donc des avantages agronomiques et économiques à l’agriculteur.
Les avantages agronomiques des cultures associées : des interactions variées entre plantes
Les associations de cultures permettent de profiter de plusieurs avantages et de remplir plusieurs fonctions agronomiques.
Elles sont utilisées pour :
- diminuer les apports de produits phytosanitaires
- diminuer les passages au champ et le temps de travail
- favoriser le développement biologique de la plante
On peut alors classer les plantes associées selon les fonctions qu’elles remplissent.
Les plantes compagnes favorisent la croissance de la culture principale. Elle lui apporte des éléments nutritifs particuliers ou de la matière organique. Par exemple, les engrais verts, dont les légumineuses font partie, fixent l’azote dans le sol et le fertilisent pour la culture suivante. Cela permet de diminuer l’utilisation d’intrants.
Les plantes “amies” se côtoient facilement sans se concurrencer. Elles ont des interactions ni bonnes ni mauvaises. Ce qui est utile pour un couvert permanent par exemple.
Les plantes protectrices permettent de rendre la plante cible moins accessible (couverture efficace du sol et concurrence avec les adventices). Elles évitent les problèmes de verse en structurant le milieu. Certaines servent de leurre et attirent les ravageurs, ou camouflent la cible par leur odeur. Par exemple, la moutarde blanche sert d’appât à certains insectes ravageurs, qui les préfèrent et se désintéressent alors de la culture. On parle d’effet push-pull.
Les plantes inhibitrices limitent le développement d’adventices ou de ravageurs spécialisés. Elles sécrètent des substances inhibitrices ou possèdent des caractéristiques physiques particulières. On parle d’allélopathie. Par exemple, les légumineuses sécrètent par leurs racines une substance nématicide. De même, les alliacées (ail, poireau, oignon…) produisent du soufre qui limitent les risques de contamination fongique (contre le mildiou ou l’oïdium par exemple).
Enfin, les associations de cultures servent à créer un milieu particulier (microclimat et protection du sol). Un couvert réduit les risques d’érosion et de ruissellement par la formation d’une croûte de battance. Une couverture végétale favorise également l'infiltration de l’eau par les sols, et donc la rétention d’eau.
Par ailleurs, un sol couvert crée un microclimat sain et riche en matière organique. Cela attire la faune auxiliaire (carabe, araignées…) qui aide à lutter contre les ravageurs. Les ressources du sol sont ainsi mieux exploitées, ce qui permet :
- des passages au champ moins fréquent,
- un IFT plus faible,
- une diminution du travail du sol.
AgroLeague est un partenaire indépendant des agriculteurs désirant amorcer ou consolider leur transition vers un modèle agricole durable et rentable. Notre équipe d’agronomes vous délivre des conseils et des actions concrètes adaptées à votre situation et à vos objectifs.
Les avantages économiques des cultures associées
SEA (ou LER) et productivité
Il existe un indicateur de productivité du couvert cultural, qui permet d’évaluer l’efficacité d'une association de culture. La Surface Équivalente de l’Association (SEA, ou Land Equivalent Ratio, LER, en anglais) permet de déterminer si l’association est avantageuse.
Voici la formule de calcul de l’indice SEA :
Si le résultat est supérieur à 1, cela signifie que l’association est plus productive que les cultures pures séparées. Dans ce cas, il est plus avantageux et plus productif de réaliser l’association des deux cultures.
L’indicateur SEA ou LER permet donc d’évaluer les avantages économiques de l’association de culture.
Charge et marge directe
Associer des cultures permet, comme nous l’avons vu, de diminuer sa consommation d’intrants et la fréquence de passages au champ. Ainsi, une association de culture bien pensée offre des avantages économiques en diminuant les achats de produits de synthèse et la consommation de carburant du tracteur. De même, les périodes de travaux sont plus étalées dans le temps, ce qui permet à l’agriculteur de libérer des créneaux pour les opérations de gestion organisationnelles et administratives.
Diversification et filière
Enfin, associer des cultures peut être un moyen de diversification intéressant. En effet, selon la région de l’exploitation, un couvert végétal particulier peut être valorisé et générer une source de revenu supplémentaire. Par exemple, la récolte d’un couvert végétal peut être valorisé en méthanisation, en ensilage… après avoir offert des avantages agronomiques à la culture associée !
De plus, les associations de cultures entrent dans les rotations de culture et permettent à l’exploitant de construire son assolement selon les principes de l’agroécologie.
Les inconvénients possibles de l’association de culture
Malgré tous ces avantages, l’association de cultures implique aussi quelques inconvénients :
- Il y a un risque de concurrence entre les cultures, ce qui provoque inévitablement une perte de rendement individuel,
- Un mélange de semis nécessite du matériel adapté aux différentes tailles et formes des graines. L’utilisation d’un semoir à disques ou à dents est nécessaire en semis direct,
- Une récolte du mélange demande parfois un tri après moisson, ce qui prend du temps,
- Pour réussir à trouver une association efficace, il faut soigneusement construire son mélange de variétés ou d'espèces afin qu’il réponde à vos problématiques agricoles.
Il n’y a pas de solution miracle mais avec AgroLeague, vous pouvez bénéficier d’un suivi agronomique personnalisé afin d’identifier les associations de cultures qui seront bénéfiques à votre exploitation.
Mettre en place une association de culture
Technique et méthode de l’association de culture
Il existe plusieurs méthodes pour associer des cultures. Il est possible de mélanger les espèces, de les associer en rangs, en bandes alternées…
Il est également possible de varier la période de semis : certaines cultures associées peuvent être semées en même temps alors que d’autres peuvent faire l’objet d’un semis différencié, c’est-à-dire à des périodes différentes.
En tout cas, le choix des variétés ou des espèces associées doit se faire en fonction des fonctions agronomiques recherchées et des débouchés commerciaux de la région, pour que la valorisation soit facile.
Pour une association avec des cultures pérennes, il faut réfléchir à l’échelle de l’exploitation, et parfois revoir complètement son système sur le long terme. Dans ce contexte, s’appuyer sur l’expérience et les connaissances de spécialistes peut être indispensable.
Plus généralement, il n’existe pas d’association parfaitement adaptée à toutes les exploitations. L'association de culture est une technique efficace et accessible mais chaque parcelle est un cas particulier. Nos agronomes sont là pour vous aider à organiser soigneusement votre système.
Exemples de cultures associées testées et approuvées
Comme mélange historique, on parle souvent du milpa, association de maïs, courges et légumineuses. Ce mélange était très utilisé au Mexique par exemple.
Le Milpa est une association de culture particulièrement utilisée au Mexique. Il s’agit d’un mélange de maïs, de courge et de haricots :
- Le maïs à un rôle de tuteur,
- Les courges couvrent le sol avec ses feuilles,
- Les haricots enrichissent la parcelle d’éléments minéraux.
Le Méteil et le Trémois sont également des associations de cultures reconnues :
- Le Méteil consiste à associer 1 à 4 espèces de céréales avec 1 à 2 espèces de protéagineux,
- Le Trémois consiste à associer 1 espèce de céréale avec 1 espèce de légumineuse
Par exemple, semer en même temps du blé tendre et de la féverole permet de couvrir le sol, d’éviter la propagation d’adventices et de fournir de l’azote au blé.