Réussir la culture d’un couvert d’avoine rude
La germination rapide de l’avoine rude et son développement vigoureux en font un bon concurrent aux adventices. Par ailleurs, sa teneur élevée en protéines en fait un excellent fourrage. Bénéficiant d’une excellente adaptabilité, les qualités agronomiques de l’avoine rude permettent son utilisation aussi bien en couvert d'été que d'hiver.
Caractéristiques de l'avoine rude
Informations complémentaires
L'avoine rude est une graminée qui présente un réseau racinaire fasciculé très dense, ce qui lui permet d'affiner les agrégats de terre et de stabiliser les sols sujets à la déstructuration ou à l'érosion. L’avoine rude est largement utilisée comme fourrage vert, que ce soit en ensilage ou enrubannage. À maturité ou lorsqu'elle est détruite, cette plante atteint généralement une hauteur comprise entre 80 cm et 1,3 mètre. L'avoine fleurit lorsque l'épi émerge de la gaine, et à l'instar du blé, ses fleurs sont peu visibles.
La culture de l'Avoine rude
L'avoine rude se cultive facilement et se révèle très résistante aux maladies, notamment les différentes rouilles. Elle peut s'adapter à divers types de sols, mais préfère ceux qui sont bien drainés et riches en matière organique. De plus, elle montre une préférence pour les sols à pH neutre ou légèrement acide. Pour éliminer l'avoine rude, les meilleures options sont l'utilisation d'un rouleau lourd pendant le gel, mais seulement si la plante est à un stade avancé (proche de l'épiaison).
Dans le cas contraire, la destruction peut être envisagée par labour ou en utilisant des herbicides. Le pâturage et le broyage ne sont pas des méthodes efficaces pour sa destruction, car l'avoine reforme des tiges après avoir été coupée. Si elle est récoltée au printemps comme fourrage vert, l'avoine peut être détruite à l'aide d'un déchaumeur après la récolte.
Bénéfices économiques et agronomiques de l'Avoine rude
Bénéfices économiques
L'avoine rude est un couvert végétal économique qui peut être valorisé facilement en tant que fourrage ou en Culture Intermédiaire à Vocation Énergétique (CIVE) d'hiver, pourvu que son développement soit suffisant. Sa teneur élevée en MAT (Matière Azotée Totale) en fait un excellent fourrage.
Plutôt que de laisser le sol nu, de plus en plus d'éleveurs choisissent d'inclure l'avoine dans des mélanges avec des légumineuses pour en faire un couvert d'hiver, récolté ensuite en ensilage ou enrubannage avant de semer du maïs. Une autre option consiste à sursemer de l'avoine dans un champ de luzerne pour stimuler la productivité et augmenter jusqu'à deux fois la quantité de matière sèche récoltée lors de la première coupe.
Bénéfices agronomiques et écologiques
La germination rapide et la croissance rapide de l'avoine rude lui confèrent la capacité d'étouffer les adventices concurrentes. De plus, elle partage des fonctions écologiques similaires au Ray-grass, qui est de plus en plus envahissant. En stabilisant la structure du sol comme le fait le Ray-grass, elle limite son développement. Les résidus d'avoine ont également des effets allélopathiques, limitant le développement des plantes (quel que soit leur type) pendant 2 à 3 semaines après la destruction de l'avoine.
Utilisée comme couvert végétal d'hiver, l'avoine permet d'assécher uniformément le profil du sol grâce à ses racines et à l'évapotranspiration, favorisant ainsi une précocité des semis de printemps. Cela contraste avec un sol nu qui s'assèche fortement en surface et peu en profondeur.
De plus, l'avoine rude se révèle être un excellent couvert intermédiaire à vocation agronomique et environnementale (CIPAN) si elle est semée suffisamment tôt. Pour optimiser cette capacité, il est essentiel que le pic de minéralisation de l'azote à l'automne coïncide avec le stade de montaison de l'avoine, pendant lequel les besoins en azote sont les plus élevés.
Semis de l'Avoine rude
Comment semer l'avoine rude ?
Pour semer l'avoine rude, il est préférable d'utiliser une dose de semences d'environ 35 kg par hectare. Les graines d'avoine se caractérisent par une germination très rapide, ce qui permet d'étouffer rapidement les mauvaises herbes indésirables.
Ce type d'avoine ne convient pas au semis à la volée, car les graines doivent être enfouies entre 2 et 5 cm de profondeur pour absorber l'humidité du sol et assurer une germination optimale. Pour un semis réussi, il est important de choisir des conditions fraîches et humides, car l'avoine ne germe pas lorsque la température du sol dépasse les 35 °C, une situation qui peut se produire facilement en été lorsque le soleil chauffe le sol nu.
Quand semer l'avoine rude ?
Reproduction : Semis
L'avoine rude peut être utilisée pour deux types de couverts végétaux : les couverts d'automne et les couverts d'hiver. Pour un couvert d'automne destiné à être détruit au début de l'hiver, le semis de l'avoine devrait idéalement être effectué dès la récolte de la culture précédente, entre juin et septembre, si les conditions d'humidité le permettent.
En revanche, pour un couvert d'hiver destiné à se développer en fin d'hiver et à être détruit avant l'implantation d'une culture de printemps, l'avoine doit être semée en fin d'été ou à l'automne, entre août et novembre. Il est important de ne pas semer l'avoine trop tôt pour un couvert d'hiver, car elle pourrait être détruite par le gel ou cesser de se développer au début du printemps si elle est déjà à un stade avancé.
Avoine rude et association de culture
Associations conseillées
En raison de son prix abordable et de sa polyvalence, l'avoine rude est couramment intégrée dans de nombreux mélanges de couverts végétaux.
Pour optimiser les bénéfices écologiques et agronomiques, il est recommandé de l'associer à des plantes appartenant à d'autres familles, telles que les légumineuses ou les crucifères.
L’avoine rude se révèle particulièrement utile lorsqu'elle est associée à des légumineuses fourragères telles que la vesce velue ou le trèfle d'Alexandrie, car elle agit comme un tuteur pour ces espèces rampantes. De plus, elle couvre rapidement le sol avant que les légumineuses, qui ont un temps d'établissement plus lent, ne se développent pleinement.
Une association avec d'autres familles de plantes à fleurs, comme la phacélie, peut également être bénéfique pour favoriser la présence d'insectes pollinisateurs.
Exemples d’espèces à associer avec l'avoine rude :
- Vesce velue
- Vesce du Bengale
- Vesce commune de printemps
- Gesse cultivée
- Trèfle de Perse
- Lin oléagineux
- Moutarde brune
- Moutarde blanche nématicide tardive
- Phacélie
- Radis chinois
- Seigle forestier
- Sorgho fourrager
- Tournesol
- Caméline
- Lupin
- Radis fourrager nématicide
- Roquette
- Pois fourrager de printemps
- Trèfle incarnat
- Trèfle d'Alexandrie
- Niger
- Féverole
Exemples de mélanges d’espèces incluant l'Avoine rude :
- Avoine rude + Moutarde blanche nématicide tardive + Vesce velue de printemps
- Phacélie + Trèfle d’Alexandrie + Avoine rude
- Avoine rude +Pois fourrager de printemps + Trèfle d’Alexandrie + Vesce commune de printemps
- Avoine rude + Féverole + Pois fourrager + Trèfle d’alexandrie
Avoine rude et rotation de culture
Adapté à la culture suivante
L'avoine rude est particulièrement bien adaptée comme précédent pour les pommes de terre, car elle favorise la création d'une structure de terre fine et aérée, idéale pour le développement des tubercules de pommes de terre.
De manière générale, elle convient également comme culture précédente pour les cultures de printemps, car elle couvre le sol et maintient sa structure pendant l'hiver.
Inadapté à la culture suivante
L'avoine rude a un effet dépressif en culture précédente pour les céréales à paille telles que l'orge ou le blé. Il est essentiel de prévoir un laps de temps suffisant, de l'ordre de 2 à 3 mois, entre la destruction de l'avoine et le semis des céréales.
Par conséquent, l'utilisation de l'avoine comme couvert d'été avant un semis de céréales d'hiver est déconseillée. En revanche, pour les céréales de printemps, la destruction de l'avoine peut être effectuée pendant l'hiver en vue d'un semis au printemps.