Réussir la culture d’un couvert de Seigle fourrager
Au cours de l'histoire, le seigle a joué un rôle important dans l'alimentation humaine, en particulier dans les régions aux climats frais et humides où il était plus adapté que le blé. Il a été cultivé dans toute l'Europe, en Asie et en Amérique du Nord, et il a été un aliment de base pour de nombreuses populations. Au Moyen Âge, le seigle était l'une des principales céréales cultivées en Europe et servait à produire du pain, des bouillies et des boissons alcoolisées telles que la bière et le whisky. Il était également utilisé comme fourrage pour le bétail.
Avec l'expansion du blé et d'autres céréales plus productives, la culture du seigle a diminué dans certaines régions, mais il reste encore cultivé aujourd'hui, notamment dans les pays nordiques et d'Europe de l'Est. Le seigle est également apprécié pour ses qualités en tant que couvert végétal, il permet une forte production de biomasse.
Caractéristiques du Seigle fourrager
Informations complémentaires
Le seigle est une plante annuelle appartenant à la famille des graminées. Son système racinaire fasciculé et profond lui confère une bonne résilience face à la sécheresse une fois implanté, tout en contribuant à la structuration du sol en profondeur. Cette robuste plante peut atteindre une hauteur de 2 mètres une fois que ses épis se sont formés, offrant ainsi une couverture dense et protectrice.
Étant une céréale d'hiver, le seigle se démarque par son adaptation au froid. Capable de germer à des températures aussi basses que 1°C, il possède la particularité de nécessiter une exposition prolongée au froid sur une période allant de quelques semaines à plusieurs mois. Ce processus, appelé vernalisation, est essentiel pour induire la transition vers la phase de montée en épiaison.
Une particularité intéressante du seigle est sa polyvalence. En plus de son rôle en tant que culture de couverture, il peut être cultivé pour ses graines, tout comme le blé.
La culture du Seigle fourrager
Le seigle montre une préférence pour les sols limoneux légers ou sablonneux, même dans des conditions de sol relativement sèches. Certaines variétés sont capables de s'épanouir dans des argiles lourdes et des sols mal drainés.
Le seigle est une plante robuste, il est difficile à éliminer. Souvent, il est nécessaire de recourir à des herbicides si l'on souhaite éviter l'usage de la charrue pour sa destruction. La période de destruction du seigle à la fin de l'hiver ou au début du printemps doit être soigneusement réfléchie.
En effet, une destruction tardive, après la phase de montaison, peut entraîner une production abondante de biomasse. Cela peut être avantageux pour couvrir le sol en tant que paillis et conserver l'humidité. Cependant, la décomposition de cette biomasse, riche en carbone et pauvre en azote, peut entraîner une immobilisation de l'azote du sol, ce qui pourrait affecter négativement les cultures de printemps. De plus, une destruction tardive peut entraîner un assèchement du profil du sol au printemps.
Bénéfices économiques et agronomiques du Seigle fourrager
Bénéfices économiques
Le seigle est l'une des plantes les plus largement employées en tant que Culture Intermédiaire à Vocation Énergétique (CIVE) d'hiver. Il se caractérise par sa capacité à générer une biomasse considérable dès le début du printemps. Par ailleurs, il peut être utilisé comme aliment pour le bétail, en étant associé à d'autres plantes fourragères telles que la vesce velue. Cette combinaison permet une bonne production de fourrage, offrant une importante teneur en protéines si la récolte est effectuée au stade approprié.
Bénéfices agronomiques et écologiques
La culture de couverture de seigle offre plusieurs avantages agronomiques significatifs qui en font un choix précieux pour les agriculteurs.
Suppression des mauvaises herbes : Le seigle se distingue comme l'une des meilleures cultures de couverture de saison fraîche pour contrôler les mauvaises herbes, en particulier les variétés annuelles à petites graines sensibles à la lumière. Des mauvaises herbes telles que le chénopode blanc, l'amarante réfléchie, le caille-lait, le gaillet gratteron et le sétaire sont efficacement surpassées par le seigle. En outre, le seigle exerce une action allélopathique, agissant comme un herbicide naturel, ce qui lui permet de réduire la présence d'autres mauvaises herbes telles que les pissenlits et le chardon.
Réduction des ravageurs : Bien que le seigle puisse être exposé aux mêmes insectes nuisibles que d'autres céréales, il connaît rarement des infestations graves. Son rôle dans les rotations agricoles a démontré sa capacité à réduire les problèmes de ravageurs. De plus, le seigle attire des insectes bénéfiques tels que les coccinelles, contribuant ainsi à un équilibre plus sain dans l'écosystème agricole.
Un engrais vert efficace : Le seigle favorise l'augmentation de la concentration de potassium échangeable près de la surface du sol. Son système racinaire contribue à la structuration du sol en profondeur, améliorant ainsi l'infiltration de l'eau et la rétention d'humidité. De plus, la biomasse générée par le seigle sert de paillis naturel, ce qui conserve l'humidité du sol pendant les mois d'été, réduisant ainsi le stress hydrique.
Semis du Seigle fourrager
Comment semer le Seigle fourrager ?
Le seigle est plus sensible à la profondeur de semis que d'autres céréales. Il est important de ne pas le semer à une profondeur supérieure à 5 cm.
De plus, le semis à la volée n'est pas approprié pour le seigle, car il nécessite d'être enfoui dans le sol pour germer. En général, le seigle est semé à une densité d'environ 60 kg/ha.
Quand semer le Seigne Fourrager ?
Reproduction : Semis
Pour établir un couvert végétal hivernal, le seigle peut être semé dès la fin de l'été et tout au long de l'automne, c'est-à-dire d'août à janvier.
Le seigle fourrager peut également être semé au printemps, après les périodes de gel, pour une utilisation en tant que plante compagne pour les cultures de printemps. N’ayant pas été exposé au froid, le seigle restera alors à un stade végétatif et n'entrera pas en phase de montaison. Cela évite de faire concurrence aux cultures de printemps. Cette technique, bien que peu utilisée, permet de couvrir le sol avec un couvert végétal vivant qui nourrit le sol grâce à l’émission de sucre par les racines : les exsudats racinaires. Cette technique permet aussi de réduire la pression des mauvaises herbes.
Seigle fourrager et association de culture
Associations conseillées
Le seigle fourrager peut être semé en association avec diverses plantes d'hiver, telles que l'avoine, le triticale, la vesce velue et le pois fourrager. L'association du seigle avec des légumineuses offre l'avantage d'équilibrer le rapport carbone-azote du couvert, prévenant ainsi une carence en azote lors de sa décomposition. Ce type d'association contribue également à améliorer la qualité fourragère du couvert, notamment si celui-ci est destiné à l'alimentation animale.
Exemples d’espèces à associer avec le Seigle fourrager de printemps :
- Avoine
- Triticale
- Vesce velue
- Vesce commune d’hiver
- Trèfle raboteux
- Pois fourrager
Exemples de mélanges d’espèces incluant le Seigle fourrager :
- Avoine d’hiver + Seigle
- Pois fourrager d’hiver + Seigle + Vesce commune d’hiver + Trèfle raboteux
- Avoine + Seigle
- Seigle + Pois fourrager + Vesce velue
Seigle fourrager et rotation de culture
Adapté à la culture suivante
Principalement utilisé comme couvert d'hiver, le seigle fourrager trouve sa meilleure utilisation en tant que précédent pour les cultures de printemps telles que :
- le maïs,
- la betterave,
- la pomme de terre.
Il s'avère particulièrement bien adapté avant une culture de légumineuses de printemps telles que le pois de conserve, le soja ou les haricots verts.
Inadapté à la culture suivante
Il est déconseillé d'utiliser le seigle comme couvert préalable aux cultures de céréales à paille telles que le blé ou l'orge. Outre ses performances restreintes en tant que couvert végétal pendant la saison estivale, le seigle peut avoir un impact négatif sur la croissance des céréales à paille.